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Talents Adami Chefs d’Orchestre – Premier Prix partagé – Compte-rendu
Pour la quatrième édition de ses Talents Chefs d’orchestre, l’Adami a décidé de confier à un jury le classement des trois jeunes artistes retenus pour le traditionnel concert à Gaveau avec l’Orchestre Colonne. Après une délibération très rapide, les jurés présidés par Luca Pfaff ont opté pour un Premier Prix ex-æquo partagé entre les Français Julien Leroy (photo) et Pierre Dumoussaud, l’Allemande Corinna Niemeyer remportant le Second Prix. Après Debora Waldman ou Ariane Matiakh les années précédentes, l’initiative de l’Adami aura donc une fois de plus mis en lumière une baguette féminine.
Au côté d’un Yan Levionnois ô combien maître de son sujet dans le 1er Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, Julien Leroy manifeste un profond sens du dialogue. Après avoir été assistant de Susanna Mälkki, le chef collabore à présent avec Matthias Pintscher à l’Intercontemporain et possède déjà un très solide métier (on l’a entendu la saison dernière à l’Orchestre de Lorraine ou à l’Orchestre de chambre de Paris et il travaille de façon régulière avec l’Orchestre de Basse-Normandie). Cela s’entend : la sûreté et la souplesse de sa battue lui permettent de tirer le meilleur d’un orchestre qui fait corps avec les intentions du soliste, pour cultiver la goguenarde ironie du premier mouvement (un vrai Allegretto ici) autant que pour nimber de teintes mystérieuses un chant aussi sobre qu’intense dans le Moderato. Magnifique Cadenza, pleine d’autorité, jamais frimeuse (on ne le répétera jamais assez, le discret Yan Levionnois est l’un des grands violoncellistes de la nouvelle génération !), qui débouche sur un finale où Julien Leroy offre à son partenaire une parfaite assise rythmique. Superbe !
Pierre Dumoussaud © Thomas Bartel
Premier Prix partagé donc, avec Pierre Dumoussaud que l’on entend dans la Suite de Pulcinella. A moins de vingt-cinq ans, celui qui a étudié auprès de Nicolas Borchot et Alain Atlinoglu, puis collaboré en tant qu’assistant avec Marc Minkowski ou Patrick Davin, montre beaucoup d’enthousiasme et obtient une belle cohésion d’ensemble de la part des instrumentistes de Colonne. Un reproche toutefois à sa conception : une ligne trop systématiquement pleine là où plus de délié rendrait mieux justice à l’essence néoclassique de ce Stravinski. Mais cette conception pêchue et volontaire ne manque pas d’atouts et fait légitimement mouche auprès du public. Une jeune baguette à suivre.
Corinna Niemeyer © Thomas Bartel
Un peu en retrait par rapport à ses deux collègues masculins, Corinna Niemeyer avait la tâche difficile d’ouvrir un concert 100% russe avec la délicate Symphonie « Classique » de Prokofiev. Le premier mouvement marche sur des œufs – on y voudrait des attaques plus nettes, moins « polies » - et quoique marquée par d’indéniables qualités musicales, la suite laisse in fine sur une impression assez mitigée. On se gardera bien toutefois de porter un jugement définitif : Bernard Haitink et David Zinman n’ont sans doute pas prodigué par hasard leurs conseils à une jeune artiste au parcours déjà très riche...
Alain Cochard
Paris, Salle Gaveau, 23 septembre 2014
Pour en savoir plus : www.adami.fr
Photos © Thomas Bartel
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