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3 Questions à Hélène Thiebault, auteur de « Sur le fil » – la guitare et l’épure
Né de la rencontre d’Hélène Thiébault avec Philippe Mouratoglou, « Sur le fil » met en scène la guitare d’un remarquable soliste qu'on retrouve une fois de plus sur un terrain synonyme d'éclectisme et d'aventure. « Conte sans texte » ? Concertclassic a interrogé H. Thiébault au sujet du spectacle présenté les 23 et 24 octobre à l’Athénée.
Le public s’apprête a découvrir « Sur le fil », spectacle d’un genre particulier que vous avez imaginé en collaboration avec le guitariste Philippe Mouratoglou. Quelle est l’origine de ce que vous définissez comme un « conte sans texte pour lumière, guitare(s), son, objets animés » ?
Hélène THIEBAULT : La rencontre avec Philippe Mouratoglou m’a fait prendre conscience du contexte actuel où la guitare est quasiment absente des salles de concerts. J’ai cherché un biais, différent du concert traditionnel, qui donne envie aux programmateurs de faire venir l’instrument sur scène, autrement que par le récital de guitare, qui n’est plus à la mode. Il y a évidemment quelques exceptions, mais c’est une réalité.
J’ai donc commencé à réfléchir à une idée de spectacle. Mon envie de départ était de donner à la lumière un rôle narratif. Il importe de souligner qu’en aucun cas « Sur le fil » n’ « illustre » de la musique. Même si la guitare est omniprésente du début à la fin, le spectacle lie intimement quatre éléments, la musique, une bande sonore, la lumière et les objets manipulés par un homme de l’ombre (José Pedrosa), dans une narration qui ne fait pas appel aux mots – on peut dire beaucoup de choses sans eux… - d’où la formule « conte sans texte ».
Philippe Mouratoglou © Cecil Matthieu
Quels ont été vos choix musicaux ?
H.T. : Grâce à Philippe Mouratoglou, j’ai réécouté énormément de musique pour guitare en entamant la conception du spectacle. Philippe a un répertoire extrêmement varié qui sort des sentiers battus et j’ai mesuré grâce à lui l’incroyable richesse du répertoire de guitare. Mes choix se sont finalement portés sur Brouwer, Sor, Villa-Lobos, Barrios, Britten. On entend des pages de Philippe aussi, des morceaux issus d’improvisations qu’il avait fixées sur disque. « Sur le fil » balaie donc un répertoire qui traverse les siècles et les styles – on y trouve aussi un blues !
Le terme « épure » revient très souvent dans votre présentation de « Sur le fil »…
H.T. : Au tout début de l’écriture du spectacle, les morceaux que j’avais choisis m’ont chacun inspiré une univers narratif qui m’a ensuite permis de nourrir ce qui constitue le fil conducteur du spectacle : l’épure. C’est un propos qui me tient particulièrement à cœur dans un monde où il est urgent et nécessaire de se rappeler que la surconsommation en tout est étouffante et qu’il est bon de temps en temps de revenir à des choses simples et fondamentales. C’est un propos philosophique et responsable mais extrêmement poétique aussi. Quelqu’un m’a demandé l’autre jour si les enfants pouvaient venir voir « Sur le fil » ; évidemment car c'est un spectacle qui offre de nombreux niveaux de lecture.
Propos recueillis par Alain Cochard, le 10 octobre 2014
« Sur le fil »
H. Thiébault (auteur), Philippe Mouratoglou (guitares)
23 et 24 octobre 2014 – 20h
Paris - Athénée Théâtre Louis-Jouvet
www.athenee-theatre.com/saison/concerts.cfm
Photo Hélène Thiébault © DR
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