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Rencontre avec Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur général et artistique de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège - L’autre scène lyrique belge
Directeur général et artistique de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège depuis 2007, Stefano Mazzonis di Pralafera dispose d’un magnifique outil avec le Théâtre Royal rénové (construit entre 1818 et 1820, le bâtiment a rouvert ses portes à la rentrée 2012 au terme de trois ans de travaux). Comptant cinq nouvelles productions cette saison, six même si l’on inclut les spectacles jeune public, l’institution wallonne donne la mesure de son dynamisme.
Financé à la fois par la Fédération Wallonie-Bruxelles – d’où provient l’essentiel des subsides -, par la Ville de Liège, la Province et, de façon modeste et ponctuelle, par la Région Wallone, l’ORW présente un budget où 80 % de subventions s’ajoutent à 20% de ressources propres. On dépasse donc les 12,5 % de ressources propres exigés par les financeurs publics, ce grâce à des amateurs d’opéra que des tarifs accessibles (de 10 à 80 €) contribuent à attirer et fidéliser . « Avec un taux de remplissage de 95%, nous nous situons dans la moyenne des grandes institutions lyriques européennes, précise Stefano Mazzonis di Pralafera, 88-90% pour des ouvrages moins populaires. Le nombre de nouvelles productions attire beaucoup de spectateurs aussi ».
« La rénovation nous a permis de toucher un public qui n’avait jamais mis les pieds à l’Opéra. On constate que beaucoup de gens, la première fois qu’ils viennent, tombent amoureux du genre opéra et reviennent et, plus encore, souscrivent des abonnements.» Un effet rénovation auquel s’ajoute celui d’une politique artistique qui fait grand cas du jeune public auquel l’ORW dédie quatre productions sur la saison 2014-2015.
Le thème « Femmes et représailles » constitue le fil conducteur celle-ci. « Le fil rouge d’une saison apparaît un peu par hasard, reconnaît Stefano Mazzonis di Pralafera. Je n’ai pas commencé en songeant à « Femmes et représailles » mais, à un moment, j’ai constaté que ce thème se dégageait de la plupart des ouvrages retenus, notamment avec Les Joyeuses Commères de Windsor. Il peut s’agir de représailles exercées ou subies par les femmes, où les deux à la fois comme c’est le cas dans Tosca. Un spectacle qui offrira l’immense bonheur de retrouver Ruggero Raimondi. »
A quelques jours de la première de Luisa Miller ( 5 représentations du 26 novembre au 7 décembre), le directeur de l’ORW ne cèle pas son bonheur de présenter une production réalisée en coproduction avec l’Opéra de Montpellier. La reprise de ce spectacle (mise en scène de Jean-Claude Fall) vu en 2003-2004 dans les deux maisons, a été l’occasion de combler Patrizia Ciofi qui avait fait part de son envie d’incarner Luisa Miller. Il en allait de même pour Gregory Kunde et le rôle de Rodolfo. Avec un tel tandem, Stefano Mazzonis di Pralafera n’aura pas hésité un instant avant de metttre à l’affiche ce Verdi relativement rare, que l’on découvre sous la baguette d'un Massimo Zanetti lui aussi très désireux d’aborder la partition.
Avec Les Joyeuses Commères de Windsor d’Otto Nicolaï (du 30 janvier au 7 février), le directeur de l’ORW réalise un très vieux rêve. « J’y étais presque arrivé à l’époque où je dirigeais l’Opéra de Bologne (2002-2007), se remémore-t-il. L’Opéra de Lausanne que dirige Eric Vigier s’est lancé dans une coproduction avec nous. Mis en scène par David Hermann, ce sera un spectacle très amusant, très intelligent, que dirigera Christian Zacharias. Je suis très ami avec Christian, nous nous connaissons depuis … trente ans. Le premier concert qu’il a donné en Italie s’inscrivait dans le cadre de la série que j’organisais à l’époque à Rome. Alors qu'il dirigeait Les Noces de Figaro à Liège, il m’a dit : « je voudrais faire Die Lustigen Weiber ». Je l’ai embrassé et lui ai promis que, si je trouvais un coproducteur, on monterait ce petit bijou. Christian sera donc à la baguette, avec un très beau cast : Franz Hawlata en Falstaff, entouré de partenaires parlant tous un excellent allemand, condition indispensable à la réussite d’une œuvre qui mêle chanté et parlé. En Herr Reich on trouve un grand baryton belge : Laurent Kubla. »
Stefano Mazzolis di Pralafera signe deux des nouvelles productions de la saison en cours. Rigoletto en mars et L’Elisir d’amore en juin. Après Raimondi dans Tosca, Verdi sera l’occasion de retrouver un autre monstre sacré, Leo Nucci, sous la baguette de Renato Palumbo. Quant à Donizetti, il marquera le retour sur la scène de l’ORW d’un ouvrage pas vu à Liège depuis près d’une quinzaine d’années, ce avec une distribution alléchante : Maria Grazia Schiavo, Cristiano Cremonini - « surnommé “il Pavarottino“, il sera un parfait Nemorino, note Stefano Mazzonis di Pralafera" - Adrian Sampetrean en Dulcamara et Bruno Campanella à la direction.
Les amateurs d’opérette n’ont pas été oubliés et se régaleront en février de l’inoxydable Auberge du Cheval Blanc (mise en scène par Dominique Serron et dirigée par Jean-Pierre Haeck).
Si Stefano Mazzonis di Pralafera – assumant les reproches que cela lui vaut - reconnaît ne pas programmer d’ouvrages lyriques contemporains parce que le public liégeois ne le suit pas sur ce terrain. Il fait en revanche place aux compositeurs d’aujourd’hui dans sa série jeune public. Pas de préjugés il est vrai chez des auditeurs, " qui abordent de la même façon Mozart et le contemporain, constate le patron de l’ORW. J’ai commandé à Lina Adam et André Borbé (ils ont remporté un grand succès à Liège en 2012 avec Sybil et les Silhouettes) une nouvelle partition, Fleur de Peau, qui sera créée en mai. L’année prochaine nous reprendrons Le Petit Prince de Michaël Lévinas. »
Alain Cochard
(Entretien avec Stefanos Mazzonis di Pralafera réalisé le 17 novembre 2014)
Verdi : Luisa Miller
26 et 29 novembre, 2, 4 et 7 décembre 2014
Liège – Théâtre Royal
Site de l’Opéra Royal de Wallonie : www.operaliege.be/fr
Photo © DR
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