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MUSIQUE A BORDEAUX - Laurence Dessertine, Présidente du C.A. de l’Opéra national de Bordeaux et Présidente de la Réunion des Opéras de France – « Les maisons d’opéra sont à un tournant de leur vie »

Professeur de droit, engagée en politique à Bordeaux auprès d’Alain Juppé depuis 2001, Laurence Dessertine a d’abord été conseillère municipale en charge des relations avec le monde universitaire durant un premier mandat. Depuis 2008, elle est maire adjointe du centre ville de Bordeaux et a été élue Présidente du Conseil d’Administration de l’Opéra National de Bordeaux lors de la première séance de la nouvelle mandature, le 10 avril 2014. « J’avais envie de m’investir sur un autre champ d’engagement. Le maire a souhaité séparer la présidence de l’Opéra de la charge de maire adjoint à la culture. Comme l’Opéra et l’Auditorium sont au centre ville, Alain Juppé m’a donné cette responsabilité, ce dont je suis ravie. »
 
Laurence Dessertine s’avoue « impressionnée par le niveau d’excellence de l’Opéra de Bordeaux, tant sur plan de la programmation que de la gestion et du management. Cette maison dispose de deux outils exceptionnels, le Grand Théâtre et l’Auditorium, et du soutien d’un maire très attentif à la vie lyrique de sa ville. Nous avons vraiment de la chance de l’avoir avec nous, ce n’est pas le cas dans toutes les villes.»
 
Une conviction qui n’aura pu que se renforcer depuis juillet 2014, date de l’élection de Laurence Dessertine à la présidence de la Réunion des Opéras de France (R.O.F.), qui regroupe 27 maisons d’opéra. Une nouvelle aventure pour celle qui collabore désormais étroitement avec Laurence Lamberger, la directrice de la R.O.F. « La particularité de cette association est qu’elle comprend aussi bien des directeurs d’opéras que des élus, explique L. Dessertine. » C’est l’occasion d’échanger, de sensibiliser certains élus moins sensibles que d’autres au lyrique. Le but est de parvenir à « fédérer les élus autour des maisons d’opéra. Celles-ci sont à un tournant de leur vie ; il faut inventer de nouvelles façons d’amener les publics à l’opéra car il y a de moins en moins d’argent et les élus se montrent plus exigeants sur la rentabilité à court terme des sommes qu’ils investissent dans des structures telles qu’une maison d’opéra. »
 
Argent plus rare ? A la fois maire adjointe et présidente de l’Opéra de Bordeaux, Laurence Dessertine n’a pas eu le beau rôle au moment de l’annonce en novembre 2014 d’une coupe budgétaire d’1M.€ par an pendant les trois prochaines années pour l'institution bordelaise. « Nous l’avons appris un peu brutalement. Alain Juppé nous a demandé de faire des économies en raison d’une baisse substantielle des dotations de l’Etat sur les collectivités. Il nous faut faire encore mieux avec un petit peu moins. » La coupe s’exerce en effet sur un budget de 33,2M.€ en 2014, et L. Dessertine la relativise d’autant plus qu’un étalement a été décidé (500 000 € en 2015, 1,25M.€ en 2016 et 1, 25 M.€ en 2017).
 
Les réalités de l’économie sont là, incontournables ;  les conséquences à venir de la réforme territoriale ne le seront pas moins. Un domaine dans lequel la R.O.F. aspire à jouer un rôle. « Nous voulons lancer une étude prospective sur les enjeux de la réforme territoriale afin d’aider les élus à envisager des formes de mutualisation de leurs activités, pour fédérer au mieux les forces techniques et artistiques. Les élus, aujourd’hui, n’ont pas la mesure de ce que ça représente. J’ai sollicité Alain Rousset, Président de l’Association des Régions de France, mais aussi l’Association des maires de France dans le but d’obtenir une aide à la réalisation de cette étude car le budget de la R.O.F. ne nous le permet pas. »
 
La succession de Thierry Fouquet à la direction générale de l’Opéra de Bordeaux ? Le recrutement du prochain directeur a été lancé et L. Dessertine salue « la personnalité emblématique de Thierry Fouquet dont le nom est associé à l’Opéra de Bordeaux depuis presque vingt ans. » La présidente tient à ce que l’actuel directeur général soit « associé élégamment au processus de transition », tout en songeant aux années à venir. « Je pense que nous allons être beaucoup plus « hors les murs » ; les maisons d’opéra vont devoir davantage aller sur les territoires, inventer des productions plus légères, travailler différemment. »
 
Alain Cochard
 
(Entretien avec Laurence Dessertine réalisé le 20 février 2015)

 www.opera-bordeaux.fr
 
Site de la Réunion des Opéras de France : www.rof.fr

Photo © Thomas Sanson

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