Remarqué en 2010 au Concours Chopin de Varsovie où il obtient un Second Prix, vainqueur la même année à Salt Lake City puis en 2012 à Francfort, le pianiste russe Lukas Geniusas a, depuis, brûlé les étapes. A l’Auditorium du Louvre, son interprétation de la fulgurante Première Sonate de Brahms conduite avec une autorité visionnaire (le redoutable final Allegro con fuoco) s’appuie sur une riche palette sonore (Andante) et des capacités digitales impressionnantes.
 Cette facilité, ce contrôle des éléments se retrouvent dans une exécution très personnelle des douze Etudes op. 10 de Chopin. Sans cesse à l’écoute de son instrument, à la recherche de couleurs (Etude n°2), très à l’aise dans les pièces les plus arachnéennes (Etude n°11), déchaînant les passions au cours d’une progression savamment dosée (Etude n°12 « Révolutionnaire »), Geniusas excelle dans l’art d’opposer les nuances et de clarifier un discours à la limpidité parfois mozartienne. Les bis consacrés à deux Chansons folkloriques russes op. 73 de Vladimir Ryabov apportent un moment de détente puis de virtuosité au terme d’un récital qui aura continûment flirté avec les sommets.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Auditorium du Louvre, 16 avril 2015
 
Photo © Evgenij Evtlukhin