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Lille Piano(s) Festival 2015 - Claviers en liberté – Compte-rendu
Les 70 ans de la disparition de Bartók et le centenaire de celle de Scriabine constituaient deux des axes du Lille Piano(s) Festival 2015. Pour rendre hommage à ces auteurs, des interprètes de choix, et parmi eux Kun Woo Paik qui propose un récital de haute volée associant à deux pièces de Chopin (Etude op. 25 n° 7, Mazurka op. 24 n° 4) les 24 Préludes op. 11 de Scriabine. Son art quintessencié ouvre des horizons infinis par la maîtrise de la sonorité et un don inné de varier les couleurs en dépit d’un instrument qui ne lui facilite pas la tâche. Des évocations poétiques et expressives servies par une virtuosité qui sait se faire oublier au nom de la musicalité.
Dans le Concerto n° 2 de Bartók, l’éloquence et la puissance d’engagement de Kotaro Fukuma déchaînent des torrents de lave malgré l’accompagnement trop présent de Mihhail Gerts à la tête de l’Orchestre national de Lille. A la vision nuancée, claire et subtile de Guillaume Vincent dans un Concerto n° 2 de Liszt aux effluves rhapsodiques, répond celle de Rémi Geniet qui s’empare du Concerto n° 1 de Bartók avec engagement et hauteur de vue.
Cerise sur le gâteau, la Symphonie n° 2 « The Age of Anxiety » pour piano et orchestre de Bernstein est défendue avec une aisance stupéfiante par un Wilhem Latchoumia (photo) aux doigts arachnéens, capable tout autant de force implacable, de tendresse à fleur de peau que d’élan rythmique jazzy, accompagné avec autorité et souplesse par le jeune Benjamin Schwartz (actuel directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Wrocław). Des peintures d’Alexander Polzin font écho aux textes de W.H. Auden dont s’est inspiré le compositeur, pour le plus grand bonheur d’un auditoire littéralement happé par la puissance de la musique.
Michel le Naour
Lille, Nouveau Siècle, Auditorium, 13 juin 2015
Photo Wilhem Latchoumia © DR
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