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Beyond time par le U-Theatre de Taiwan - Le pari de l’impossible - Compte-rendu
Un mode de pensée qui n’est certes pas le nôtre, mais que des artistes inspirés peuvent nous faire approcher, en nous laissant aux limites du vertige, aux portes de l’infini. Illusion sans doute, mais qui permet un voyage dont on a du mal à revenir. Comme le Legend Lin dance Theatre, que le Theatre de Chaillot avait présenté il y a quatre ans et dont le battement lancinant est resté dans nos mémoires, le U-Theatre, fondé en 1988 par Liu Ruo-Yu, élève du metteur en scène Jerzy Grotowski, et l’une de ces artistes complètes comme en offre la scène extrême-orientale, entend grâce aux présences croisées de ses merveilleux danseurs et musiciens, nous conduire au cœur d’une méditation sur notre rapport à l’univers.
Aucune thématique dramatique, mais un entrecroisement de scènes abstraites dansées par des figures ascétiques, voire monastiques, tandis que résonnent tambours et gongs, outre une musique enregistrée un peu inutile, à la limite du redondant. Avec une gestique qui emprunte aux arts martiaux, les danseurs tourbillonnent, glissent ou s’étirent vers l’horizon, sur fond de très belles images de galaxies évoquant l’espace interstellaire auquel l’esprit, par sa démarche ascétique prétend atteindre.
On ne peut qu’être séduit par la beauté formelle de l’ensemble, la magie de ces silhouettes épurées, illustrant quelques poèmes qui tendent à la méditation Tao.
La plastique, la dimension esthétique sont là, et pourtant, le charme n’opère qu’en superficie. Une chorégraphie faible sans doute, un manque d’ambition dans le rapport au temps scénique, qui ne bouscule pas assez nos habitudes, et peut-être aussi le souvenir de la perfection des Tambours de Kodo, qu’on a souvent pu applaudir à Paris, notamment au Châtelet, et dont l’âpre rigueur, la virtuosité transcendante demeurent sans pareil. Souvenirs aussi du Legend Lin dance Theatre, qui témoignait de beaucoup plus de force scénique, de hauteur de pensée dans l’enchaînement des séquences. Bref, on en est sortis admiratifs, mais pas vraiment étonnés.
Jacqueline Thuilleux
Paris, Châtelet, le 18 septembre 2015
Photo © Hsu Ping
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