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Michael Schønwandt et l’Orchestre national de Montpellier – « Il y a beaucoup à construire à Montpellier »
En janvier dernier, Michael Schønwandt (photo) était officiellement nommé Chef principal de l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, trois ans donc après un passage à l’Opéra de Montpellier pour une production d’Elektra où il avait été particulièrement applaudi. Il ne s’agissait cependant pas là du premier contact du maestro avec la phalange languedocienne puisque dès 2008, invité par René Koering, il avait dirigé dans le cadre du Festival de Radio France un concert dont les solistes n’étaient autres que Natalie Dessay et Jonas Kaufmann. « C’est un orchestre qui m’a séduit par sa chaleur et son ouverture, se souvient M. Schønwandt, par sa volonté de travailler le son, les phrasés. »
Voici donc l’artiste danois à la tête de l’ONMLR, son unique poste permanent parallèlement à diverses invitations. « J’ai des liens assez étroits avec des maisons telles que l’Opéra de Paris, l’Opéra de Vienne, Covent Garden, etc. Je suis un homme assez fidèle et j’aime le travail sur long terme. » Nommé assez tardivement à Montpellier, M. Schønwandt y entame « une saison de transition » et ce n’est qu’à partir de 2016-2017 que son agenda lui permettra d’être présent dix à douze semaines par an dans une ville dont il apprécie « la jeunesse et le feu ». Il reste que les jours et les mois qui viennent offrent déjà plusieurs occasions de l’entendre, que ce se soit dans le répertoire symphonique ou lyrique.
Le 6 novembre, il effectue sa rentrée avec un programme « Musiques cosmiques ». D’emblée on trouve une illustration de sa volonté de «faire des choses inattendues » dans « une ville jeune, ouverte et dynamique ». Précédées de La Mer de Debussy - ce choix ne surprend guère de la part d’un artiste qui clame haut son amour de la musique française - Les Planètes de Holst sont à l’affiche et donnent lieu à une collaboration avec le Planetarium de Montpellier (pour la réalisation des images qui accompagneront le concert), mais aussi avec le Chœur de l’Opéra et celui d’Opéra Junior.
Changement complet de répertoire en janvier prochain (les 22, 23 et 26) puisque M. Schønwandt a décidé de se confronter avec ses musiciens aux trois dernières symphonies de Mozart afin de « montrer comment l’orchestre est capable de moduler le son. » On attend avec non moins d’impatience le programme russe que le chef dirige (avec le concours du remarquable Alexander Gavrylyuk pour le 2ème Concerto de Rachmaninov) en mars (les 24 et 25), ou celui, russo-américain qui, en mai (les 20 et 21), réunira des partitions de Ives, Copland et Rimski-Korsakov.
Présent dès sa première saison à l’Opéra, le chef s’est vu confier par Valérie Chevalier la Turandot de Puccini, dans une production d’origine nancéenne signée Yannis Kokkos (7, 9 et 11 février), l’une des rares concessions de la découvreuse saison de l’Opéra de Montpellier au grand répertoire.
Mais déjà M. Schønwandt songe aux saisons prochaines. A-t-il envie de faire découvrir des auteurs méconnus du public français ; Nielsen par exemple (dont il vient de signer un admirable enregistrement de l’opéra Maskarade) (1) ? La réponse ne se fait pas attendre, enthousiaste : « J’ai très envie de jouer sa musique ! Nous sommes en train de réfléchir à un programme autour de Nielsen pour le Festival 2016. Pour la saison prochaine je pense aussi à d’autres musiciens nordiques ou à Wagner, peu présent à Montpellier depuis une dizaine d’années. Et je n’oublie pas la musique française à laquelle je tiens beaucoup, ni la musique contemporaine. » Même si le chef laisse à Valérie Chevalier le soin d’annoncer le titre choisi le moment venu, il se dit « à peu près sûr de diriger un Wagner à l’Opéra en 2016-2017.»
Valérie Chevalier, David Niemann & Michael Schønwandt © OONMLR
M. Schønwandt peut compter sur le talent de David Niemann pour le seconder dans son travail, un jeune assistant dont le choix a été « une évidence » pour lui au terme du processus de sélection qui a in fine conduit une douzaine de baguettes à se présenter devant l’orchestre. « Je l’apprécie beaucoup humainement et j’ai beaucoup d’admiration pour le musicien, ; c’est un assistant parfait pour moi et pour l’orchestre », dit M. Schønwandt de celui qui, peu après avoir été nommé à Montpellier, a remporté le 2ème Prix du prestigieux Concours Malko fin mars à Copenhague.
Preuve de la place que tant le chef principal que Valérie Chevalier (2) entendent donner à David Niemann, celui-ci fait partie de la liste des artistes en résidence de l’Opéra de Montpellier et sa présence est un atout de poids dans le nouveau projet artistique de l’institution languedocienne. « Il y a beaucoup à construire à Montpellier », constate Michael Schønwandt ; à Montpellier… et dans la région. Un travail de proximité avec le public dans lequel le chef est totalement prêt à s’investir - le programme « Musiques cosmiques » est d’ailleurs donné à Alès le 7 novembre.
Une belle aventure musicale a en tout cas commencé avec l’arrivée de Michael Schønwandt. Et espérons que son mandat verra aussi la réalisation d’un de ses rêves : « diriger la création française de Maskarade, en concert ou en version scénique ».
Alain Cochard
(Entretien avec Michael Schønwandt réalisé le 31 octobre 2015)
(1) Nielsen : Maskarade, Johan Reuter, Stephen Milling, Stig Fogh Andersen, etc., Danish National Symphony Orchestra and Choir, dir M. Schønwandt ( Dacapo /SACD 6 220642-42)
(2) cf "Rencontre avec Valérie Chevalier" www.concertclassic.com/article/rencontre-avec-valerie-chevalier-directrice-generale-de-lopera-orchestre-national-de
« Musique Cosmiques »
Œuvres de Debussy et Holst
Chœur de l'Opéra de Montpellier, Chœur d'Opéra Junior
Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, dir. Michael Schønwandt
6 novembre – 20h
8 novembre – 15h
Montpellier – Opéra Berlioz/Le Corum
www.concertclassic.com/concert/debussy-holst
7 novembre - 20h30
Alès – Le Cratère-scène nationale
lecratere.fr/spectacle/onm-planetes
Photo Michael Schønwandt © David Ginot
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