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Rencontre avec Eric Blanc de la Naulte, Directeur général de l’Opéra de Saint-Etienne – « Nous disposons d’un outil de production magnifique »

La page est tournée et, après une période de turbulences, l’Opéra de Saint-Etienne a retrouvé de la sérénité avec l’arrivée d’Eric Blanc de la Naulte. L’ « Opéra-Théâtre » appartient au passé et c’est dorénavant de l’Opéra de Saint-Etienne dont il faut parler : un changement de nom qui reflète les choix du nouveau directeur général.
 
 « Je suis parti d’un double constat, explique E. Blanc de la Naulte (photo) : d’une part nos maisons, à Saint-Etienne comme ailleurs, subissent de plus en plus de contraintes budgétaires, de l’autre Saint-Etienne dispose d’une maison de théâtre et d’opéra qui regroupe en son sein bon nombre de forces vives, notamment de production (décors, costumes, etc.), parallèlement à une vieille tradition lyrique stéphanoise. Le potentiel de la maison ne me semblait pas assez exploité. J’ai donc décidé, en accord avec l’équipe municipale, de recentrer l’activité sur l’opéra en général (j’entends par là le lyrique, la danse et le symphonique), en faisant abstraction de genres tels que le théâtre, le jazz, etc., pour lesquels Saint-Etienne dispose de lieux adaptés et que l’on trouvait jusqu’ici à l’Opéra-Théâtre car il était à l’origine une Maison de la Culture. »
Signe tangible de ce recentrage lyrique, la saison 2015-2016 comporte une production de plus que d’habitude et voit le nombre de représentations lyriques passer de 15 à 21.

On note aussi une diversification du répertoire de l’Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire (formation professionnelle non permanente dont les qualités ne sont plus à souligner) avec un ouvrage avec chœur (Le Messe en ut mineur de Mozart en février), une participation au Casse-Noisette donné par le Ballet du Grand Théâtre de Genève début décembre). Les amoureux de la voix se félicitent par ailleurs de l’apparition d’un cycle de récitals de chant au cours duquel, après Annick Massis il y a peu, on pourra entendre Béatrice Uria-Monzon (23/01), Karine Deshayes (11/03) et Iva Mula (10/06). Enfin, une série de concerts « prestige », en partenariat avec l’Hôtel Mercure, conduit des membres de l’Orchestre à proposer des programmes de musique de chambre suivis d’un dîner gastronomique.
 
Le recentrage lyrique s’est aussi traduit par la réintroduction d’un abonnement purement lyrique, qui a séduit 1100 personnes, tandis que l’abonnement généraliste permettant de choisir aussi bien de l’opéra que du symphonique ou de la danse en a attiré 4500, « en progression par rapport à l’an passé alors qu’il est devenu moins multigenre, se réjouit E. Blanc de la Naulte. »
 
Dans quelques jours, Tosca dans la production marseillaise de Louis Désiré occupera la scène pour trois dates (6, 8 et 10 novembre). Il s’agit du deuxième titre au programme d’une saison qui a débuté sous le signe de la rareté et du répertoire français avec Le Médecin malgré lui de Charles Gounod dans la mise en scène d’Alain Terrat (1). Un pari audacieux pour une ouverture de saison qui aura attiré 3000 personnes (dont 1500 scolaires) vers une production entièrement réalisée dans les ateliers de l’Opéra de Saint-Etienne. C’était là l’un de ces spectacles estampillés « Made in Opéra de Saint-Etienne » qui traduisent la volonté d’E. Blanc de la Naulte de faire appel au « magnifique outil de production » dont l’institution stéphanoise dispose, même si elle ne s’interdit pas des coproductions (L’Italienne à Alger, avec Marseille et Avignon, fin décembre) ou l’accueil de spectacles nés hors de ses murs.

Après Gounod, Le Roi d’Ys de Lalo (en mars) et Les Caprices de Marianne de Sauguet (en avril) confirment l’attachement de l’Opéra de Saint-Etienne au répertoire français. « La tradition de cette maison est la musique française et nous y resterons fidèles », souligne le directeur général. Une carte française qui s’exprime par le choix des œuvres évidemment, mais aussi par des distributions qui, note-t-il, « s’attachent à faire appel autant que possible à des chanteurs français. »
Quant à l’avenir de la Biennale Massenet, elle perdurera sous le même nom, mais avec le sous-titre de « biennale de musique française » qui traduit une volonté d’ouverture très bienvenue dès lors que l’Opéra de Saint-Etienne a déjà largement exploré la production de l’enfant du pays.

Normalement programmée sur les années paires, la Biennale Massenet a fait l’objet d’une entorse à la règle en 2015. E. Blanc de la Naulte a décidé de renouer avec la coutume, afin aussi de préserver l’alternance entre cet événement et la Biennale du design, autre temps fort de la vie culturelle stéphanoise. Les délais étaient trop courts pour programmer une Biennale en 2016 et il faudra donc patienter jusqu’en 2018 (le début de la saison 2018-2019 en fait) pour assister à la prochaine Biennale Massenet.
 
Pour l’heure place à Puccini sous la baguette de David Reiland, premier chef invité de l’Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire. Dès la saison passée, le chef belge a su gagner la confiance des musiciens et du public. Après Tosca, on le retrouvera en juin pour Nabucco (l’un des spectacles « Made in Opéra de Saint-Etienne » de la saison), mais aussi dans le cours d’une saison symphonique qui fait en outre appel à des chefs tels que Julien Masmondet ou Darrel Ang.
 
Alain Cochard
(Entretien avec Eric Blanc de la Naulte réalisé le 31 octobre 2015)

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(1) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/le-medecin-malgre-lui-de-gounod-lopera-de-saint-etienne-delikatessen-compte-rendu
 
Puccini : Tosca
Opéra de Saint-Etienne
6, 8 et 10 novembre 2015
http://www.operatheatredesaintetienne.fr/otse/
 
Photo Eric Blanc de la Naulte © Denis Meynard

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