Le public se presse au Théâtre des Champs-Elysées pour assister au concert de Dominique de Williencourt et de l’Orchestre de chambre Saint-Christophe de Vilnius intitulé « L’influence russe ». Pour la première fois à Paris, le violoncelliste propose l’une de ses compositions, EMTO, et l’on remarque dans la salle la présence de nombreux amis musiciens parmi lesquels Patrice Fontanarosa, Eric et Tania Heidsieck, Georges Pludermacher, Gérard Poulet, Mûza Rubackyté, Manfred Stilz, Daniel Wayenberg …
 
En ouverture, la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski dirigée par le vétéran Donatas Katkus (ancien Premier violon du Quatuor de Vilnius) prend une dimension quasi symphonique bien éloignée de la légèreté mozartienne et de l’esprit du XVIII^e siècle. Soliste et chef, Williencourt donne ensuite une lecture intériorisée des Variations sur un thème Rococo où, à la démonstration virtuose, il préfère substituer élégance, dosage des nuances, souplesse d’archet et fluidité naturelle.

Après l’entracte, deux airs extraits d’Eugène Onéguine, transcrits pour flûte, sont joués avec finesse par Jean Ferrandis avec le soutien de l’Orchestre de Vilnius. EMTO - En Mémoire Tragiquement Optimiste, pour violoncelle et orchestre à cordes op. 16 (2002) – dédié par Dominique de Williencourt à l’un de ses frères gravement handicapé depuis sa naissance – offre enfin une belle invitation au voyage entre mélopées modales envoûtantes (Lamentoso), folklore imaginaire des déserts d’Afrique ou d’Orient et rythmique contagieuse (Gigue finale). Dans un esprit marqué par la musique baroque, violoncelle et cordes nouent un dialogue fervent et intimiste. En bis, une transcription pour violoncelle solo de la Marche pour piano de Prokofiev achève avec une générosité ludique un programme marqué au sceau de l’amitié.
 
Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 28 octobre 2015
 
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