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Emmanuel Krivine dirige Un Requiem allemand à la Philharmonie – A hauteur d’homme – Compte-rendu
Johannes Brahms a toujours été l’un des compositeurs de prédilection d’Emmanuel Krivine, qui a d’ailleurs enregistré jadis (chez Denon) une intégrale des symphonies avec l’Orchestre symphonique de Bamberg. Pour son Requiem allemand avec la Chambre Philharmonique, il recourt à une exécution philologique (cordes au vibrato contrôlé, effectif plus réduit), conférant à l’ouvrage une dimension intimiste, éloignée des conceptions amples auxquelles on est habitué.
La direction cursive ne se complaît pas dans les divines lenteurs, mais la fluidité, l'attention prêtée aux enchaînements restituent cette vision très humaine avec une expression équilibrée et une grande maîtrise formelle. La palette de couleurs, les demi-teintes (bois et cuivres ombrés) sont privilégiées et les nuances dégagées avec une émotion réelle bien que contenue.
Le chœur de chambre Les Eléments, superbement préparé par Joël Suhubiette, participe à cette ferveur et ce lyrisme à hauteur d’homme, contribuant très largement à la réussite d’une approche qui préfère le classicisme sans pathos au drame de la foi.
Les interventions très maîtrisées du baryton Rudolf Rosen, et surtout celles de la soprano Camilla Tilling – voix céleste sans affectation qui prépare à un au-delà pacifié – élèvent cette interprétation sans concession et toujours captivante sur des hauteurs consolatrices.
Michel Le Naour
Paris, Philharmonie 1, 29 mars 2016
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