21 ans, et déjà une carrière internationale florissante. Jan Lisiecki, pianiste canadien d’ascendance polonaise, médusa le public de Varsovie en jouant les Concertos de Chopin avec un panache insensé alors qu’il n’avait que 13 ans (1). Deutsche Grammophon le signa dès 2010, la fortune de l’adolescent était faite. Allait-il tenir ses promesses ? Deux Concertos de Mozart, sous la direction de Christian Zacharias, touchés par la grâce confirmèrent au disque cet art serein, élégant, ce piano sans esbroufe comme venu d’un autre temps.

Si Chopin reste l’axe majeur de son style ailé – on pourra le vérifier avec son Andante spianato et Grande Polonaise - le jeune homme est tout autant chez lui dans la Vienne romantique : les trois Impromptus op. 142 de Schubert en témoigneront. Mais ce piano qui a pris du corps, s’est émancipé du toucher perlé des débuts, chante plus vaste, ose aujourd’hui aborder Rachmaninov. C’est tant mieux.
Pourtant, le vrai défi sera à  l’ouverture du concert : les équilibres savants de la Deuxième Partita de Johann Sebastian Bach, son discours lumineux, ses danses subtiles, voilà où l’on attend ce pianiste stylé qui trouvera dans l’acoustique parfaite de l’Auditorium de la Fondation Vuitton un support idéal à sa sonorité dorée.
 
Jean-Charles Hoffelé

(1)  L’enregistrement de deux concertos de Chopin, captés en concert (en 2008 et 2009) avec le Sinfonia Varsovia dirigé par Howard Shelley, est disponible sous le label de L’Institut Frédéric Chopin (NIFCCD 200)
 
Jan Lisiecki, piano
Œuvres de Bach, Chopin, Rachmaninov, Schubert
8 juillet 2016 - 20h 30
Paris – Fondation Louis Vuitton, Auditorium
www.fondationlouisvuitton.fr/content/flvinternet/fr/programmation-musicale/recital-jan-lisiecki.html

Photo © Mathias Bothor