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Jean-Paul Gasparian en ouverture du 41e Festival du Vigan - La puissance et presque la gloire – Compte-rendu
Jean-Paul Gasparian en ouverture du 41e Festival du Vigan - La puissance et presque la gloire – Compte-rendu
Un grand et jeune talent peut en cacher un tout aussi grand et beaucoup plus jeune. Telle est l’expérience qu’ont vécue les spectateurs du concert d’ouverture du Festival du Vigan. Pour inaugurer sa 41e édition, le pianiste Christian Debrus, fondateur et directeur du Festival, avait eu l’idée intéressante d’inviter Alberto Nose, vainqueur des Piano Masters de Monte Carlo 2015. Celui-ci ayant déclaré forfait la veille du concert, Debrus a eu recours, en catastrophe, à son vaste carnet de contacts pianistiques, étoffé au fil de nombreux jurys de concours internationaux, et laissé tomber le pendule sur le tout jeune Jean- Paul Gasparian, lequel, par chance, a pu arriver en trombe de Bretagne! Et personne ne s’est plaint, car le garçon de vingt et un ans a purement et simplement tracé un sillage éblouissant dans cet auditorium où s’empressent chaque année les fidèles de la région et les nombreux Parisiens amoureux des Cévennes.
On a peu à peu appris, depuis deux ans, à compter avec cette nouvelle force motrice du jeune piano français, fils de musiciens et lui-même déjà emporté dans une vague de succès que ses récompenses flatteuses, notamment le Prix de la Fondation Cziffra en 2014, laissaient augurer. Mais tant de révélations sont éphémères et nombre de brillantes techniques, de personnalités même sont englouties dans la menée d’une carrière.
Mais Gasparian, sur lequel la Fondation Vuitton a déjà eu l’œil puisqu’elle l’a invité cette année - et elle sait faire ses choix- semble échapper à ces coups d’éclat fugaces. Profondément réfléchis, ses vingt et un ans sont révélateurs d’une profondeur, d’une gravité, d’une intelligence dans la construction de ses interprétations, qui amènent au cœur de l’aventure de chaque pièce choisie, de chaque compositeur.
En premier lieu, car c’est une évidence, une technique flamboyante, virevoltante, dont on doit saluer en premier que malgré ses tourbillons, elle garde à chaque trait sa clarté, même dans les pires tourments que peut lui infliger un Bartók par exemple, dont il a joué d’entrée de jeu la Sonate. Le jeune homme sait garder à ses doigts la distance nécessaire pour ne pas transformer le clavier en champ de bataille, et son toucher n’est en rien celui, trop brutal, que l’on observe souvent dans la jeune génération et plus précisément chez les nombreux Russes qui déferlent dans l’arène. Une fois comme réglés ses comptes avec cette nécessaire prise de possession du public et de l’instrument, il a glissé sur un poétique 15e Prélude de Chopin, joué avec une douce mesure, une élégance fine et sans maniérisme.
Le public était mûr pour la grande réussite de la soirée : Après une lecture de Dante de Liszt, dont la complexité de pensée n’est plus à démontrer, car sont nichés dans ces grands élans romantiques, un flux et un reflux, une perpétuelle remise en question, qu’il faut poser sans relâche, sans oublier le fil du battement de cœur qui les soutient. La maîtrise témoignée ici par l’interprète, sa lecture analytique à plusieurs niveaux, qui dégageait tous les plans sonores, presque comme dans une fugue de Bach, la limpidité d’un toucher caressant, tous ces éléments fondus ont fait de cette plongée dans les pensées de Liszt un moment d’une intensité poignante. Seule manquait l’ombre d’un doute, pour aérer le parcours. Et elle viendra certainement au fil du temps, car le pianiste jouait l’œuvre pour la première fois en public.
Ensuite, Chopin, à nouveau, pour lequel Jean Paul Gasparian avoue une prédilection particulière, saluée notamment au Festival de Nohant, avec les 17e et 21e Préludes, et la vivacité ludique ou sarcastique de la 2e Sonate opus 14 de Prokofiev, jouée en final, pour ramener le public à une conscience plus terrestre. En bis, une Etude symphonique de Schumann, l’Etude opus 10 n°10 de Chopin, et chacun est reparti conscient d’avoir vécu un moment enthousiasmant. Tandis que le jeune homme s’apprêtait à gagner Salzbourg, où il jouait ensuite !
Après cette ouverture de fête, le festival s’envole donc sur de bonnes lancées, serpentant parmi les routes tortueuses, les paysages splendides, les petites églises et les temples où il niche sa série de concerts d’un bel éclectisme : le riche violoncelle de Xavier Phillips, le subtil piano d’Adam Laloum, musique de chambre avec plusieurs formations dont le remarquable Trio Atanassov, l’éclatante trompette de David Guerrier, mêlée à l’orgue de Jean-Baptiste Robin, le fidèle Michel Piquemal avec l’Ensemble Contrepoint et les Chœurs de l’Abbaye de Sylvanès pour des Saint-Saëns rares, du jazz avec Antoine Hervé, de la musique Klezmer par le Sirba Octet, pour créer la plus jouissive ambiance grâce au déchaînement de son cymbalum, et bien d’autres jolis moments à savourer.
On a peu à peu appris, depuis deux ans, à compter avec cette nouvelle force motrice du jeune piano français, fils de musiciens et lui-même déjà emporté dans une vague de succès que ses récompenses flatteuses, notamment le Prix de la Fondation Cziffra en 2014, laissaient augurer. Mais tant de révélations sont éphémères et nombre de brillantes techniques, de personnalités même sont englouties dans la menée d’une carrière.
Mais Gasparian, sur lequel la Fondation Vuitton a déjà eu l’œil puisqu’elle l’a invité cette année - et elle sait faire ses choix- semble échapper à ces coups d’éclat fugaces. Profondément réfléchis, ses vingt et un ans sont révélateurs d’une profondeur, d’une gravité, d’une intelligence dans la construction de ses interprétations, qui amènent au cœur de l’aventure de chaque pièce choisie, de chaque compositeur.
En premier lieu, car c’est une évidence, une technique flamboyante, virevoltante, dont on doit saluer en premier que malgré ses tourbillons, elle garde à chaque trait sa clarté, même dans les pires tourments que peut lui infliger un Bartók par exemple, dont il a joué d’entrée de jeu la Sonate. Le jeune homme sait garder à ses doigts la distance nécessaire pour ne pas transformer le clavier en champ de bataille, et son toucher n’est en rien celui, trop brutal, que l’on observe souvent dans la jeune génération et plus précisément chez les nombreux Russes qui déferlent dans l’arène. Une fois comme réglés ses comptes avec cette nécessaire prise de possession du public et de l’instrument, il a glissé sur un poétique 15e Prélude de Chopin, joué avec une douce mesure, une élégance fine et sans maniérisme.
Le public était mûr pour la grande réussite de la soirée : Après une lecture de Dante de Liszt, dont la complexité de pensée n’est plus à démontrer, car sont nichés dans ces grands élans romantiques, un flux et un reflux, une perpétuelle remise en question, qu’il faut poser sans relâche, sans oublier le fil du battement de cœur qui les soutient. La maîtrise témoignée ici par l’interprète, sa lecture analytique à plusieurs niveaux, qui dégageait tous les plans sonores, presque comme dans une fugue de Bach, la limpidité d’un toucher caressant, tous ces éléments fondus ont fait de cette plongée dans les pensées de Liszt un moment d’une intensité poignante. Seule manquait l’ombre d’un doute, pour aérer le parcours. Et elle viendra certainement au fil du temps, car le pianiste jouait l’œuvre pour la première fois en public.
Ensuite, Chopin, à nouveau, pour lequel Jean Paul Gasparian avoue une prédilection particulière, saluée notamment au Festival de Nohant, avec les 17e et 21e Préludes, et la vivacité ludique ou sarcastique de la 2e Sonate opus 14 de Prokofiev, jouée en final, pour ramener le public à une conscience plus terrestre. En bis, une Etude symphonique de Schumann, l’Etude opus 10 n°10 de Chopin, et chacun est reparti conscient d’avoir vécu un moment enthousiasmant. Tandis que le jeune homme s’apprêtait à gagner Salzbourg, où il jouait ensuite !
Après cette ouverture de fête, le festival s’envole donc sur de bonnes lancées, serpentant parmi les routes tortueuses, les paysages splendides, les petites églises et les temples où il niche sa série de concerts d’un bel éclectisme : le riche violoncelle de Xavier Phillips, le subtil piano d’Adam Laloum, musique de chambre avec plusieurs formations dont le remarquable Trio Atanassov, l’éclatante trompette de David Guerrier, mêlée à l’orgue de Jean-Baptiste Robin, le fidèle Michel Piquemal avec l’Ensemble Contrepoint et les Chœurs de l’Abbaye de Sylvanès pour des Saint-Saëns rares, du jazz avec Antoine Hervé, de la musique Klezmer par le Sirba Octet, pour créer la plus jouissive ambiance grâce au déchaînement de son cymbalum, et bien d’autres jolis moments à savourer.
Jacqueline Thuilleux
Festival du Vigan, le 16 juillet, jusqu’au 23 août 2016 / www.festivalduvigan.fr
Jean-Paul Gasparian interprétera le 2ème Concerto de Rachmaninov dans le cadre de l'Automne musical de Taverny, le 24 septembre prochain, accompagné par l'Orchestre national d'Île-de-France (dir. David Smith)
www.concertclassic.com/concert/jean-paul-gasparian-avec-londif
Photo @ Pierre-Anthony Allard
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