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Bryan Hymel et Irini Kyriakidou en récital Festival Castell Peralada – Les héros ne sont plus ce qu'ils étaient – Compte-rendu
L’Américain Bryan Hymel fait désormais partie de la longue liste des ténors invités au Festival Castell Peralada qui fêtait cet été sa 30ème édition. Comme à Paris au Théâtre des Champs-Elysées en février dernier, l’artiste y était accompagné par son épouse, la soprano Irini Kyriakidou - le pianiste Julius Drake se substituant au Philharmonique de Prague.
Débutée par le rare cycle pour ténor de Ralph Vaughan Williams, Four Hymns (1920), dans lequel Hymel a eu tendance à plastronner et à privilégier le volume plutôt que la nuance, la première partie de ce récital se concluait rapidement avec trois extraits des Nuits d’été de Berlioz Villanelle, Le spectre de la rose et L’île inconnue, chantés dans un français surveillé, d’une voix ronde et pleine de charme par la jeune cantatrice grecque.
Le jeu catastrophique de Julius Drake, qui semblait découvrir et déchiffrer à vue la partition, tout du moins dans la Villanelle, au tempo impossible et au jeu martelé, a heureusement été rectifié par la suite, sans pour autant nous satisfaire totalement.
De retour dans la petite église del Carme, Bryan Hymel retrouvait Roméo avec un « Ah ! Lève-toi soleil » généreux mais dont la tessiture a semblé lui échapper. Moins haute et lyrique, celle de Don José sied davantage à son profil vocal, le duo avec Micaela « Parle-moi de ma mère », suivi par la célèbre « Fleur », laissant apparaître malgré un français correct, une émission droite et des accents monocordes, défauts perceptibles à Paris dans une récente Traviata et à Orange en juillet dans le Pinkerton de Madama Butterfly (rôle qu’il interprétera à nouveau à Milan le 7 décembre prochain).
Le ténor a-t-il raison de garder à son répertoire l’histrionique Turridu de Cavalleria rustica dont les derniers spasmes qui parcourent « Mamma, quel vino», l’obligent à brusquer sa ligne de chant pour répondre aux besoins de l’expression vériste ? On en doute.
Entre ces pages, sa compagne glissait une bien modeste « Ode à la lune » de Rusalka, tandis qu’en bis, comme à Paris et dans son album d’airs français intitulé « Héroïque » (publié en 2015 chez Warner Classics), l’air de Jean « Ne pouvant réprimer les élans de la foi » extrait de Hérodiade de Massenet a produit un certain effet sur le public avide de décibels, celui-ci obtenant son dû avec un volumineux, mais banal « Nessun dorma » de Turandot, la soprano se contentant d’une microscopique « Babbino caro » en guise de bis.
Les héros ne sont plus ce qu’ils étaient !
François Lesueur
Festival Castell Peralada, 5 août 2016
Photo Bryan Hymel et Irina Kyriakidou © Joan Castro-Iconna
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