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37e Festival d’Ambronay – Valeurs sûres, fidélités et talents émergents
Un programme Bach par le Collegium Vocale Gent et Philippe Herreweghe en ouverture de l’édition 2016 : Ambronay a conscience de la force d’entraînement d’une telle tête d’affiche et, tout au long du 37e Festival, on retrouve des valeurs sûres de la musique baroque : Les Talens Lyriques de Christophe Rousset (pour le Tamerlano de Haendel), Les Arts Florissants avec William Christie ou Paul Agnew, Jordi Savall, Philippe Jaroussky et Leonardo García Alarcón. Mais la manifestation dont Daniel Bizeray (photo) assure la direction générale depuis la fin 2013 maintient, et amplifie même, la vocation découvreuse qui s’affirmait déjà à l’époque d’Alain Brunet – celui-ci occupe désormais la présidence du festival.
A côtés d’interprètes reconnus, Ambronay réserve une place de choix à nombre de talents en devenir, en particulier par le biais du programme européen EEEmerging (Emerging European Ensembles) qui fait l’objet d’une sorte de mini-festival dans le festival (les 8 et 9 oct.), lors du quatrième et dernier week-end. Des groupes tels que Nexus Baroque, I Discordanti, Prisma, The Goldfinch Ensemble, le Consone Quartet et The Curious Bard participent à l’EEEmerging 2016. D. Bizeray n’a cependant pas omis de faire appel, dans le cours de la 37e édition, à de jeunes formations remarquées l’an dernier : le Sollazzo Ensemble, Repicco et BarrocoTout.
Les Suprises © Nicolas Majet
EEEmerging a pris relai du programme « Jeunes Ensembles », lancé sous la direction d’A. Brunet, et son successeur ne manque pas de capitaliser sur les liens privilégiés noués à cette époque avec des formations telles que Les Surprises, Les Ombres ou Chiome d’Oro. Preuve de l’estime d’Ambronay, « Jonas et la Tempête » - le spectacle peut-être plus emblématique d’un festival bâti cette année autour du thème « Vibrations – Lumières » - réunit ces deux dernières (Les Ombres dans des pages de Rameau et Purcell, Chiome d’Oro pour le rarissime oratorio Il Giona de Bassani) à l’occasion d’un concert à l’Abbatiale « mis en lumière » par Nathalie Perrier et Pierre-Louis Rétat.
Jean Rondeau © Edouard Bressy
A 40 ans tout rond, Leonardo García Alarcón fait depuis un moment déjà partie des artistes les plus en vue du monde baroque et chacun sait combien Ambronay a contribué à la reconnaissance de son talent. Un lien privilégié s’est établi entre le solaire Argentin et un manifestation dont il est « artiste associé », « un statut qui offre une grande liberté dans le choix des projets et des effectifs », précise D. Bizeray. S’agissant d’Alarcón, le directeur guette avec une aussi gourmande impatience « Carmina latina », programme d’œuvres baroques latino-américaines, qu’un concert à deux clavecins avec Jean Rondeau dans des transcriptions de Bach et Mozart -auxquelles le théorbe de l’incontournable Jonathan Dunford apportera son inventif grain de sel !
Ensemblre Correspondances © Molinavisuals
A chapitre des « associés » du Festival, l’Ensemble Correspondances bénéficie d’un statut qui s’explique tant par les qualités de la formation que par sa position géographique (elle est basée à Lyon) – nous sommes dans notre rôle par rapport à la nouvelle Région Auvergne-Rhône-Alpes », souligne D. Bizeray. Sébastien Daucé et ses troupes ont conçu spécialement pour l’édition 2016 un soirée « Cécile, vierge radieuse » à partir d’œuvres de Purcell et Charpentier.
Reste que même sans « association » officielle des fidélités très solides peuvent naître. Ainsi, après une Passion selon saint Jean remarquée en 2014, Le Concert Etranger d’Itay Jedlin est de retour pour la troisième fois (avec la Saint Matthieu) dans un festival dont le label discographique a publié « Conversations avec Dieu », un superbe premier enregistrement mettant en lumière les qualités d’une formation trop discrète depuis sa naissance il y a une dizaine d’années.
Thierry Pécou @ Guy Vivien
Terre d’élection de la musique ancienne, Ambronay ne s’y cantonne pas. Le compositeur Thierry Pécou est depuis plusieurs années présent - un quasi-artiste associé - et on le retrouve cette fois pour Femme changeante, cantate des Quatre Montagnes, une création française donnée par l’Ensemble Variances, en compagnie de pages de Von Bingen et de Michael Ellison, à l’Amphithéâtre de l’Opéra de Lyon.
Ce dernier compte parmi les lieux où le Festival rayonne. S’y ajoutent l’Auditorium de Lyon (Savall inaugure, le 3 octobre, la programmation baroque de cette salle, réalisée depuis la saison dernière en collaboration avec Ambronay), le Zoom de Bourg-en-Bresse, le Centre Innovance de Villieu-Loyes-Mollon ou encore l’église d’Ambérieu-en-Bugey.
Enfin, on n’oublie pas, tout près de l’Abbatiale, le Chapiteau qui permet à Ambronay de concevoir des formules pour le jeune public et d’oser aussi des propositions plus ... inattendues. Ancien directeur de l’Opéra de Rennes, D. Bizeray connaît Jean-Michel Fournereau depuis cette époque et lui a confié « Triwap – Et si on s’en mêlait !? », un spectacle de « chanson française déjantée » où s’exprime l’esprit aussi souriant que qualitatif de la programmation du Chapiteau.
Alain Cochard
(Entretien avec Daniel Bizeray réalisé le 1er septembre 2016)
37e Festival d’Ambronay – « Vibrations, Lumières »
Du 16 septembre au 9 octobre 2016
Ambronay – Centre culturel de rencontre
www.festival.ambronay.org
Photo Daniel Bizeray © Bertrand Pichène
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