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Les Horaces de Salieri à l’Opéra royal de Versailles - Affres cornéliennes - Compte-rendu
Les résurrections d’ouvrages lyriques se succèdent à l’Opéra royal de Versailles. C’est ainsi qu’après Proserpine (1), survient à seulement quatre jours d’intervalle, Les Horaces. Des résurrections, sinon des révélations… Car avouons que ce deuxième opéra pour Paris, en 1786, d’Antonio Salieri (1750-1825), ne saurait se comparer à la frénésie d’inspiration musicale qui innerve Les Danaïdes de deux ans antérieures (redécouvertes à Versailles en novembre 2013) (2 et 3).
© Judith van Wanroij 2013
D’après Horace de Pierre Corneille, sur un livret et une belle langue de Nicolas-François Guillard, librettiste par ailleurs d’Iphigénie en Tauride de Gluck, cette tragédie lyrique dans la grande tradition française confronte les Horace et les Curiace, deux familles ennemies au cours de la guerre qui dans l’Antiquité oppose Rome à la ville rivale d’Albe. Pour corser la chose, une Romaine s’amourache d’un Curiace, et réciproquement, ainsi qu’il se doit. La musique quant à elle évoque irrésistiblement le modèle gluckiste (comme pour Les Danaïdes, toutefois beaucoup plus personnelles). Dès l’abord, un peu trop fidèlement. Mais pour ensuite mieux s’épancher au cours d’un beau duo enflammé en fin du deuxième acte et à travers les accents de grande tragédienne lyrique attribués à Camille (l’héroïne écartelée entre amour et devoir, dilemme cornélien s’il en est).
Cyrille Dubois © DR
Pour cette version de concert, coproduite par le Centre de musique baroque de Versailles et Les Talens Lyriques, se retrouvent les principaux artisans des précédentes Danaïdes. Christophe Rousset, cet inlassable chercheur et découvreur, mène ses troupes avec l’ardeur et l’acuité qu’on lui sait. Les instrumentistes des Talens Lyriques se révèlent infaillibles, comme toujours, alors que le chœur des Chantres du Centre de musique baroque de Versailles affirme de manifestes progrès, désormais un ensemble de voix baroqueux stylé et bien pris en main par Olivier Schneebeli. Nous retrouvons aussi Judith van Wanroij, aux emportements brûlants de tragédienne éperdue, taillée à la mesure du grand rôle lyrique de Camille. À ses côtés, le Curiace amoureux transi revient à Cyrille Dubois, dans un chant expressif fougueusement lancé. Julien Dran et Jean-Sébastien Bou, mais aussi un Philippe-Nicolas Martin d’une belle autorité, apportent le juste contrepoint de seconds rôles bien sentis et transmis. La même équipe nous promet Tarare, troisième et dernier opéra de Salieri écrit pour Paris, sur un livret de Beaumarchais, pour achever et compléter un cycle des plus captivants.
Pierre-René Serna
Salieri : Les Horaces (version de concert) – Opéra royal de Versailles, 15 octobre 2016.
1) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/proserpine-de-camille-saint-saens-renait-lopera-royal-de-versailles-atouts-reunis-compte
2) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/les-danaides-de-salieri-lopera-royal-de-versailles-franc-succes-compte-rendu
3) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/les-danaides-de-salieri-lopera-royal-de-versailles-une-supercherie
Photo Christophe Rousset et les Talens Lyriques © Jacques Verrees
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