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Bertrand Chamayou aux Concerts du dimanche matin – Passionnant jeu de miroirs – Compte-rendu

Pour son second rendez-vous avec le public des Concerts du dimanche matin, Bertrand Chamayou (photo) offre un éventail de « morceaux choisis », invitation au voyage dans son univers pianistique. En guise de présentation, il rappelle son intérêt pour la musique d’aujourd’hui, lui qui, enfant, rêvait de devenir compositeur.
 
Jeux d’eau à la Villa d’Este : on pénètre d’emblée dans la modernité et le soliste exploite avec une maîtrise seigneuriale toute une gamme de couleurs évanescentes et de nuances subtiles. Moment de recueillement, la transcription lisztienne de la Marche solennelle du Saint-Graal de Parsifal apporte une note de profondeur avant l’ensorcelant Poème-Nocturne op. 61 de Scriabine, servi par un jeu raffiné au galbe et au modelé exemplaires.

De même, Gaspard de la nuit de Ravel fascine par sa fluidité, la vision intérieure et la flamboyance de la virtuosité. La transition avec Messiaen (Première Communion de la Vierge) paraît naturelle par la maîtrise de la palette sonore, le sens du rythme et l’engagement physique, tandis que l’hommage rendu par le compositeur britannique Jonathan Harvey à l'auteur des Vingt Regards dans son Tombeau de Messiaen pour piano et bande (1994) est servi avec une intelligence acérée dans ce jeu de chat et de souris entre les clusters du piano et la sonorité du double magnétique. Dédié à Bertrand Chamayou, Vitrail à l’Homme sans yeux (2011) de Frédéric Neuburger, vaste pièce d’une redoutable difficulté, termine de manière spectaculaire ces instants privilégiés de musique pure.
En bis, la Cinquième Epigraphe antique de Debussy est partagée à quatre mains par Chamayou et son ami Neuburger dans une totale osmose. Un passionnant jeu de miroirs.
  
Michel Le Naour

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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 15 janvier 2017
 
Photo © Marco Borggreve

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