Journal
Festival « Mars en Baroque » 2017 – Monteverdi condensé et dansé
Les anniversaires convergent autour du Concerto Soave et de Marseille. C’est dans la cité phocéenne qu’en 1992 Jean-Marc Aymes (photo) réalisa un premier enregistrement (consacré à Sances, pour L’empreinte digitale) qui fait figure d’acte de naissance de son ensemble. Marseille, déjà ...
Après les premières années itinérantes – et parfois incertaines – du Concerto Soave, Jean-Marc Aymes est contacté en 2007 par le Festival Mars en Baroque. « Quand on m’a proposé de prendre les rênes du festival, se souvient-il, j’ai voulu éviter la dispersion ; l’association porteuse de Mars en Baroque a également pris en charge les activités du Concerto Soave. Tout a été regroupé sous le nom de l’ensemble, qui produit depuis lors le festival. Cette nouvelle organisation nous a permis d’être conventionné par le Ministère de la Culture, de recevoir des subventions du Conseil Régional et de la Ville de Marseille, et de nous lancer dans des programmes de plus grande envergure »
Outre le quart de siècle du Concerto Soave, 2017 marque la 15ème édition de Mars en Baroque (dont la chronologie comporte une année blanche sur la période précédant l’arrivée de J.-M. Aymes), mais aussi le 450e anniversaire de la naissance de Claudio Monteverdi.
Jean-Marc Aymes © Marie-Eve Brouet
Monteverdi, justement ! L’Orfeo, dans une version très... particulière donne le coup d’envoi du festival, mercredi 1er mars à midi – le jour et l’heure sont essentiels ! – avec « Sirènes et Midi net » « C’est un projet typiquement marseillais, qui part de l’initiative de Pierre Sauvageot, explique J.-M. Aymes. Ce personnage haut en couleur est le fondateur de Lieux Publics (Centre national de création pour les arts de la ville, ndlr). Entre autres initiatives, il organise tous les premiers mercredis du mois, au moment du rituel essai de la sirène des pompiers, un spectacle avec des danseurs, des jongleurs, etc. sur le parvis de l’Opéra. » Et Mars en Baroque de faire alliance avec Lieux Publics pour une version condensée – en douze minutes ! – de L’Orfeo de Monteverdi, réalisée par les soins de J.-M. Aymes ; outre les chanteurs et musiciens du Concerto Soave, elle fait appel à des élèves de l’Ecole Nationale Supérieure de Danse de Marseille, dans une chorégraphie de David Llari (artiste en résidence au Ballet de Marseille).
Singulière entrée en matière pour un 15ème Festival dont nombre d’événements retiennent particulièrement l’attention. Baroque certes, la manifestation n’exclut pas le dialogue du passé et du présent. La soirée du 3 mars propose Exercices de lumières de Zad Moultaka pour soprano (Maria Cristina Kiehr en l’occurrence) et quatre instrumentistes. « Il s’agit d’une commande de l’Arsenal de Metz, explique J.-M. Aymes, lieu où nous en aurons donné la création le 28 février. C'est une partition vraiment extraordinaire que le programme confronte à des lamentations italiennes du XVIIe siècle ». La rencontre de la musique ancienne et de la création attend aussi les auditeurs en clôture du festival (31 mars) avec des madrigaux du 6ème Livre de Gesualdo, en version vocale par les chanteurs de Musicatreize et instrumentale par les musiciens du Concerto Soave, et une création réunissant les deux ensembles : Il Canto della Tenebra de l’Italien Luca Antignani (né en 1976)
Entre ces deux soirées, on mettra l’accent sur « Corpi Ingrati », fruit de la toute première collaboration du Concerto Soave avec le Ballet National de Marseille. La soirée regroupe les trois balli de Monteverdi, Il Ballo di Tirsi e Clori, Il Ballo delle Ninfe dell’Istro et Il Ballo delle Ingrate, ce dernier faisant l’objet d’une chorégraphie d’Emio Freco et Pieter C. Scholten (directeurs du BNM) : on peut s’attendre à un résultat assez décapant – et point à l’avantage de la gent masculine !
« L’Amour de Madeleine » (15 mars) est impatiemment attendu lui aussi. Conçu par Catherine Cessac pour le Concerto Soave et Benjamin Lazar, à l’occasion du tricentenaire de la mort de Charpentier et de Bossuet, la reprise de ce programme, créé 2004 à Ambronay, permet les retrouvailles de B. Lazar et de Jean-Marc Aymes. « Un metteur en scène que j’apprécie énormément, précise le musicien, et avec lequel nous avons des projets lyriques. »
Mais ce ne sont là que quelques rendez-vous dans le cours d’un mois de mars très riche, où l’on relève de nombreuses conférences (« Bals et fêtes de cour dans l’Italie de Monteverdi » par Olivier Lexa (11 mars), entre autres), des parcours musicaux, des découvertes d’œuvres au Musée Beaux-Arts. De quoi combler les amoureux de baroque - et pas uniquement, on l’aura compris.
Alain Cochard
(Entretien avec Jean-Marc Aymes réalisé le 8 février 2017)
15ème Festival Mars en Baroque
Du 1er au 31 mars 2017
Marseille – Lieux divers
www.marsenbaroque.com/
Photo © Marie-Eve Brouet
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