Journal
L’Ensemble Contraste, d’Hardelot au Bal Blomet – Vous avez dit éclectique ?
On a retrouvé les musiciens de l’Ensemble Contraste courant février au théâtre élisabéthain d’Hardelot pour la reprise de leur Fairy Queen – aussi réussie que déjantée ! –, le 25 mars à Paris ils donneront un programme de tango dans le cadre de l’inauguration du Bal Blomet, nouveau nom du Bal Nègre – haut lieu de la nuit parisienne durant les années folles –, avant de faire équipe, le 30 mars, avec Chantal Santon-Jeffery et Albane Carrère pour le Stabat Mater de Pergolèse au Festival Paris-Sciences et Lettres : trois événements dont le rapprochement résume on ne peut mieux la liberté et l’éclectisme avec lesquels les membres de Contraste vivent leur art. La musique est festin dont ils ont décidé de savourer tous les mets !
2000 : l’aventure démarre avec le millénaire ; altiste et violoniste, Arnaud Thorette (photo) réunit des amis instrumentistes partageant une même philosophie de la musique. Il attire à ses côtés Johan Farjot (piano), Maria Mosconi (alto) et Antoine Pierlot (violoncelle), un noyau de départ en forme de quatuor avec piano, baptisé Contraste, qui ne tarde pas à faire entendre sa différence et à collaborer avec plusieurs artistes (Karine Deshayes, Karol Beffa, Magali Léger, etc.) pour divers projets. Aux membres du quatuor initial s'ajouteront au fil du temps d'autres instrumentistes – Aude Lefevre (violon), Raphaël Imbert et Vincent le Quang (saxophone), Jean Luc Votano (clarinette), Stéphane Logerot (contrebasse) – pour donner à Contraste l'allure du collectif qu'il est désormais, prêt à s'engager dans les projets les plus variés, du classique à la chanson française.
Vue intérieure du théatre élisabéthain d'Hardelot © Martin Argyroglo
Au début des années 2010, Sébastien Mahieuxe, à l’époque directeur artistique du Midsummer Festival d’Hardelot (manifestation lancée en 2010), repère Arnaud Thorette et son ensemble. Dès 2013, Contraste est invité au Midsummer Festival et noue des liens privilégiés avec la manifestation et, plus largement, avec le Château d’Hardelot-Centre Culturel de l’Entente cordiale. Une résidence artistique se mettra officiellement en place lors du Midsummer Festival 2015 (marqué par la création de la désormais fameuse Fairy Queen), ce qui, depuis lors, permet de retrouver le collectif à chaque festival, mais aussi hors saison. Le Château d’Hardelot dispose en effet d’un théâtre élisabéthain (conçu par l’Anglais Andrew Todd, il a été inauguré en 2016), lieu de dimension modeste (388 places en configuration maximale) mais dotée d’une acoustique tout simplement fabuleuse.
Jean-Luc Présost en Titania © Pascal Brunet
Le 18 février à Hardelot, une salle archipleine accueillait la reprise de The Fairy Queen, « Opéra tout terrain à 12, avec entrain et sans entracte (quoique si ... )» – tout un programme ! – que Contraste a conçu avec la complicité de la compagnie Déracinemoa.
Quatre chanteurs, quatre musiciens et quatre comédiens. Quatre comédiens, seulement ?! Oui, quatre, et pas un de plus, pour une nuit d’été où tout est permis, à commencer par le cumul des rôles : Laurent-Guillaume Dehlinger est Boris (ah oui, au fait, Hermia est devenue ... Boris !), la statue – mais aussi le talentueux auteur de cette folle adaptation de la pièce de Shakespeare –, l’inénarrable Jean-Luc Prévost Titania et Démétrius, Franck Lemaire Obéron et Lysandre, Mathilde Labé Hélène et Puck. La délirante virtuosité avec laquelle les comédiens (qui, par parenthèse, sont aussi Laurent-Guillaume, Jean-Luc, Franck et Mathilde ; un zeste de mise en abyme ne faisant jamais de mal) jonglent entre leurs emplois est à la source d’un spectacle d’une étourdissante drôlerie, à laquelle instrumentistes et chanteurs ajoutent beaucoup.
© Bellis Perrenis
Arnaud Thorette (entre l’alto et violon) a imaginé avec Johan Farjot (qui tient le clavecin et le piano électrique) une adaptation de la partition de Purcell où l’on trouve aussi une contrebasse (Antoine Pierlot) et le saxophone (Vincent le Quang). Adaptation, très libre, qui s’autorise des embardées jazzy et des emprunts à la comédie musicale. Côté voix, Daphné Touchais, Albane Carrère, Etienne de Bénazé et Thibault De Damas sont parfaits, à l’unisson d’un spectacle qui interagit efficacement – faible mot ! – avec le public.
Si vous n’avez pas encore trouvé l’occasion de le découvrir, il s’en présentera durant les mois à venir dans le département du Pas-de-Calais où Contraste commence à rayonner (Calais, St Omer, Bruay-la-Bruissière, Sallaumines, Oignies). Après un premier Shakespeare aussi impertinent et accompli, Contraste et Déracinemoa ne pouvaient en rester là. Excellente nouvelle : un Roméo et Juliette mêlant le grand William et Bernstein est en cours de préparation et sera créé au cours du prochain Midsummer Festival (les 14 et 15 juillet) !
Pour l’heure rendez-vous le 25 mars, au Bal Blomet, pour un « Classic Tango » mêlant Piazzolla, Gardel, Jobim, Ferré ou Weil !
Alain Cochard
25 mars 2017 – 20h30
Paris – Bal Blomet (75015)
http://www.balblomet.fr/programmation/
Calendrier de l’Ensemble Contraste : www.ensemblecontraste.com
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