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Toon Koopman dirige Le Messie au Parco della Musica de Rome – Un Haendel habité
Ton Koopman (photo) était à Rome il y a peu, invité par l'Accademia Nazionale Santa Cecilia pour diriger trois soirs d’affilée le Messie, l'une des réalisations maîtresses de Haendel donnée pour la première fois à Dublin en 1742. Désireux de retrouver la confiance du public anglais, Haendel choisit l'oratorio, forme musicale alors peu usitée en Angleterre, et crée un sorte d'opéra mystique chanté en langue anglaise, où chaque scène se compose d'un récit et d'un air que vient couronner l’apothéose d'un chœur. A 50 ans, le célèbre compositeur ruiné, malade, fatigué par de longues années de combat pour imposer l’opéra « à l'italienne », va réussir son pari et retrouver la faveur du public avec un ouvrage promis à la popularité que l’on sait.
Toon Koopman © amsterdambaroque.com
Toujours fringuant du haut de ses 72 ans, Ton Koopman n'a pas eu l'air dérouté de se retrouver face à des formations non baroques : le Chœur et l’Orchestre de l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia. Le chef néerlandais dirige avec rigueur et précision une partition qui n'a pas de secret pour lui et dans laquelle il peut exprimer avec ardeur et générosité la vie du Christ. Entre ses mains expertes, le Messie apparaît comme un acte liturgique possédant à la fois les caractéristiques d'un vrai discours théâtral et d'un sermon d'édification, récits et commentaires étant ponctués par d'imposantes parties chorales. La première partie consacrée à la nuit de la Nativité surprend par la limpidité de son exécution et par l'élégance tirée de cet orchestre en formation réduite. Les Chœurs, sans doute trop massifs et démonstratifs, dégagent une telle autorité que l'on en vient à oublie leur puissance.
Dans la seconde partie les souffrances du Christ sont marquées par l'alternance entre violence et douceur, Ton Koopman calmant dans les derniers instants, les craintes d'une malheureuse humanité avec un art de la compassion assez unique. On regrette que le niveau musical des solistes ne soit pas aussi élevé que celui de l'orchestre et des chœurs : le ténor Tilman Lichdi est un styliste talentueux que l'on imagine tout à fait dans une Passion de Bach, voix claire, nerveuse et malléable comme il convient aux Evangélistes, ici très en place avec de belles vocalises : son air « Evr'y valley shall be exalted » est un des temps forts de la soirée.
La basse Klaus Mertens n'a plus 20 ans, mais possède encore une présence sonore et un réel engagement même si l'instrument manque parfois de largeur et d'élasticité. La soprano Yetzabel Arias Fernandez, avec un organe puissant et claironnant, paraît surdimensionnée pour ce « rôle ». Ses interventions n'ont rien de séraphiques, son timbre est privé de cette couleur céleste indispensable, mais également de transparence et de douceur notamment dans « Rejoice greatly » où la substance de sa voix vient à fausser l'équilibre que tente de faire respecter Ton Koopman. De plus, sa diction anglaise est bien brouillonne. Point noir enfin, l'alto Maarten Engeltjes, qui remplaçait Philippe Jaroussky annoncé en début de saison, mielleux, filandreux, extérieur à la partition qu'il chante d'une petite voix frêle, sans aucune couleur et avec platitude.
François Lesueur
Rome, Parco della Musica, 23 mars 2017
Photo Toon Koopman © amsterdambaroque.com
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