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Maurizio Baglini en récital à Gaveau – Spectaculaire – Compte-rendu
Vainqueur des Monte Carlo Piano Masters en 1999, le pianiste italien Maurizio Baglini (né à Pise en 1975, photo) se produisait Salle Gaveau dans un programme romantique particulièrement dense. Virtuose doté de grands moyens, sa capacité à appréhender Schumann, Liszt et Moussorgski ne pose aucun problème sur le plan technique mais suscite des interrogations quant au style.
Dès la Sonate n° 2 en sol mineur de Schumann, la fièvre démonstrative se manifeste. Dans un lieu de concert plutôt intime qui ne demande guère un jeu surdimensionné, le soliste confond, par les contrastes accusés, ivresse sonore et émotion. Ces déferlements de puissance et l’aisance digitale impressionnent, mais l’intériorité de la musique et la tendresse qui s’en dégage passent au second plan.
Impressionnant de vélocité dans les six Grandes Etudes d’après Paganini, rien ne semble résister au jeu brillant, voire éclatant d’un artiste plus théâtral que profond. Athlétique, Baglini peut toutefois rentrer griffes et muscles, et au-delà de l’exercice de voltige, dégager un subtil dosage de couleurs (Etude n° 3 « La Campanella ») d’une belle plasticité (Etude n° 6).
Dans les Tableaux d’une exposition, en dehors du vertige que procurent certains effets de manche, subsistent quelques réussites (suggestifs Ballet des Poussins dans leurs coques et Cabane sur des pattes de poule). L’interprète veut sans doute bousculer la tradition mais perd de vue le fil d’Ariane en individualisant trop chaque pièce. La Grande Porte de Kiev cède quant à elle à un fracassant déferlement sonore qui laisse perplexe.
Michel Le Naour
Paris, Salle Gaveau, 7 mars 2017
Photo © Grazia Lissi
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