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Le Consort Alter Klang au Festival de Potsdam-Baroque – Rêverie baroque à SansSouci - Compte-rendu
Le Festival de Potsdam, sis dans les dépendances du palais de Sans-Souci, le Versailles berlinois, poursuit sa route baroque avec un répertoire souvent hors des conventions. Il en est ainsi du concert de l’ensemble Consort Alter Klang (photo), qui présente des pièces de compositeurs allemands peu connus, dans la délicieuse Galerie Ovide (OvidGalerie) des Nouveaux Appartements de Sans-Souci (Neue Kammern Sanssouci, ceux-là mêmes qui accueillirent Berlioz en 1847, à l’invitation du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV).
En compagnie de Michael Praetorius et Heinrich Schütz, voire de Roland de Lassus, que l’on ne présente plus, figurent des œuvres de Johann Hermann Schein (1586-1630), Samuel Scheidt (1587-1654), Heinrich Albert (1604-1651), Johann Nauwach (1595-1630), Matthaeus Reymann (1595-1625), Hans Leo Hassler (1564-1612) et Caspar Kittel (1603-1639). Des pages brèves, psaumes et motets chantés, entrecoupés de pièces instrumentales, qui illustrent la thématique choisie pour cette édition du festival : les quatre éléments qui composent la planète. L’esthétique se révèle peu dissemblable d’une pièce à l’autre, malgré ces différents compositeurs, dans une facture assez propre à l’harmonie évanescente de cette Renaissance tardive entre influences italiennes et françaises (parmi Allemande, Courante, Gaillarde et autre Sarabande – elle plutôt d’origine espagnole). Mais autant de pages qui s’écoutent avec un plaisir mêlé de recueillement, puisque l’inspiration puise à la mythologie comme au mysticisme religieux.
La partie vocale revient à Theresa Dlouhy, soprano d’une tessiture adaptée et d’une émission oscillant entre blancheur et expressivité, face à des textes en latin, allemand, italien ou… français (ancien). Anne Freitag et Keiko Kinoshita lui apportent l’appoint de deux volubiles flûtes champêtres, et Magnus Andersson ajoute le doigté délicat du luth ou du théorbe. Et ces mêmes instrumentistes de montrer leur dextérité au cours de l’alternance de morceaux en solitaire. Comme un instant suspendu, dans la proximité complice de l’évocateur cadre néo-Antique de la petite Galerie, au-dessus des frondaisons de jardins eux aussi d’inspiration Renaissance qui se prêtent tant à la rêverie nimbée de musique.
Pierre-René Serna
Festival de Potsdam, OvidGalerie, Neue Kammern Sanssouci, 15 juin 2017.
Photo Consort Alter Klang © DR
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