Grâce à la passion et à l’énergie de Gaëtan Puaud, son fondateur et directeur artistique, le Festival Messiaen au pays de la Meije a depuis longtemps trouvé sa place dans le cœur des mélomanes, les férus de musique d’aujourd’hui certes, mais plus largement les auditeurs curieux qui apprécient la mise en perspective de la modernité à laquelle la manifestation est attachée depuis l’origine. Le 20^ème Festival ne déroge pas à la règle avec, du 22 au 30 juillet, une programmation qui met à l’honneur Olivier Messiaen, évidemment, mais aussi l’un de ses anciens élèves et une figure majeure de la musique française de notre temps : Tristan Murail.

Gaëtand Puaud © Colin Samuels

L’ouverture d’esprit de Messiaen pédagogue, le rôle essentiel qu’il joua auprès de nombreux jeunes musiciens en les aidant à trouver leur voie est bien connu. Né en 1947, Murail étudia avec Messiaen au Conservatoire de Paris de 1967 à 1971. « Il m’a révélé à moi-même », a confié un artiste qui ajoute : « c’est pourquoi je [le] considère non comme un professeur de composition, mais comme un maître, presque au sens oriental du mot. »

Bel hommage à celui qui continua à suivre et à encourager son disciple par la suite, alors que celui-ci affirmait sa personnalité, nourri de nouvelles découvertes, celle de Scelsi – très marquante – en particulier. L’auteur des Vingt Regards ne cacha pas sa profonde sympathie envers le collectif « L’Itinéraire », fondé en 1973 par Murail et Roger Tessier, et qui attira entre autres Michaël Levinas et Gérard Grisey – autant de représentants du courant dit « spectral ». Grisey dont la disparition prématurée en 1998 inspira à Murail ses Winter Fragments (2000).
Passionné par les sons et leurs « forces internes », Tristan Murail accorde une place centrale à la couleur sonore dans sa démarche créatrice et c’est autour de cet axe que le Festival de la Meije entreprend de le rapprocher de Messiaen, sur le thème « Voyage dans le son ».
 

Tristan Murail © Colin Samuels

Outre la première française du Quatuor à cordes « Sogni, ombre et fumi » sous les archets des Diotima (photo), l’édition 2017 trace un portait très complet de Murail, avec des ouvrages tels que L’Esprit des dunes, dirigé par Daniel Kawka, Les Chants de l’Amour, par les soins de Musicatreize et de l’Ircam – partenaire de longue date du festival ; la première collaboration eut lieu en 2010, grâce à Pierre Boulez –, La Mandragore, sous les doigts de Lorenzo Soulès, Les Travaux et les jours, sous ceux de François Dumont, ou encore Mach 2,5, Tigres de verre et La Conquête de l’Antarctique, pièces qui rappellent l’amour du compositeur pour les ondes Martenot et permettront de retrouver Nathalie Forget et Murail en personne aux ondes, avec un ensemble d’élèves du CNSMD de Paris sous la conduite de Bruno Mantovani.

Jean-François Heisser © T. Chapuzot

La présence de Tristan Murail au festival, ajoutera par ailleurs beaucoup à sa traditionnelle « Journée d’étude », sur le thème Messiaen/Murail comme on pouvait s'en douter. Quant à Messiaen, il occupe comme toujours une place de choix dans les concerts ; on relève des temps forts tels que Des Canyons au Etoiles par l’Orchestre Poitou-Charentes mené par Jean-François Heisser, avec Wilhem Latchoumia au piano, Harawi par la merveilleuse Catherine Hunold accompagnée par Anne le Bozec, où encore les Cinq Rechants confiés à Musicatreize.

Un autre grand moment attend les auditeurs : «Une lecture de Saint-François d’Assise ». Composé de larges extraits de la réduction pour chant et piano qu’Yvonne Loriod réalisa de l’unique opéra du compositeur, le concert de clôture du festival fera appel aux voix de Didier Henry, Marc Mauillon, Laura Holm, etc.
Enfin, si le dialogue Messiaen/Murail structure le 20^e Festival, on ne négligera pas des créations signées Bedrossian, Posadas, Meïmoun, Murail, Hervé, Alavarado et Figols-Cuevas.

Alain Cochard

20^e Festival Messiaen au pays de la Meije
Du 22 au 30 juillet 2017
La Grave - Briançon - Le Mônetier-les-Bains
www.festival-messiaen.com