29e Festival Sinfonia – Cocktail baroque multivitaminé

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Voilà bientôt trois décennies que la fin de l’été rime avec musique baroque à Périgueux et dans ses environs : grâce au Festival Sinfonia, la capitale périgourdine et une douzaine de communes alentour accueillent une manifestation que David Théodoridès a voulue comme toujours très diversifiée. Hors de question pour le directeur artistique de s’enfermer dans le carcan de telle ou telle thématique, ce qui n’exclut pas de sa part des lignes directrices clairement tracées, qu’il s’agisse du choix des répertoires ou de celui des interprètes.

Vivaldi chorégraphié
Depuis 2017, l’habitude a été prise d’inaugurer le festival par une soirée grand public. Quelle meilleure option pour ce faire que la musique de Vivaldi ? Elle résonnera, interprétée par le Concert de l’Hostel-Dieu de Franck-Emmanuel Comte, dans un spectacle chorégraphiée par Mourad Merzouki. Tonique coup d’envoi d’une édition 2019 aux allures de cocktail baroque multivitaminé !

Simon-Pierre Bestion © Yanis Hamnane

Etapes italiennes
Vous aimez la musique italienne ? Elle promet d’être gâtée au cours semaine qui verra se succéder Magali Léger et Rosasolis dans Pergolèse, Anne Magouët et Les Traversées baroques dans un beau programme Barbara Strozzi ou encore la merveilleuse Ambroisine Bré (photo) – dont les qualités s’affirment chaque jour un peu plus en terre baroque – et les Talens lyriques de Christophe Rousset pour un itinéraire musical de Naples à Venise. Une Sérénissime dont le Concert Spirituel d’Hervé Niquet enflammera des pages sacrées, de Vivaldi bien sûr !, avant que Chantal Santon-Jeffery et L’Achéron de François Joubert-Caillet ne fassent swinguer des thèmes italiens dans leur « Big Bang Baroque », très applaudi en juillet dernier au Festival de Saintes.

Grand office pour Charles Quint
Il y a quatre ans, l’ensemble La Tempête de Simon-Pierre Bestion démarrait une résidence à Sinfonia. Elle aura été l’occasion de moments marquants du festival et parvient cette année à son point d’orgue. Soirée à marquer d’une pierre blanche, à n’en pas douter, que ce « Grand office pour Charles Quint » rassemblant des pages de Montserrat, Morales et Desprez. Un programme que Simon-Pierre Bestion a imaginé en fonction de la majestueuse cathédrale Saint-Front. Quant à la résidence qui débute en 2020, elle reste en famille puisque l’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas, le frère de Simon-Pierre, prend le relai.

Ambroisine Bré © Eric Mercier

Détecteur de talents
Loin de se cantonner à des interprètes connus, Sinfonia réserve depuis longtemps une place de choix aux jeunes talents. Si Justin Taylor, invité cette année avec les Variations Goldberg, n’est plus à présenter, on n’oublie pas que Sinfonia aura contribué de manière décisive à son émergence grâce à sa série « Jeunes Talents » – au terme de laquelle les festivaliers sont invités à élire l’artiste ou l'ensemble ayant leur préférence. Into the Wind, Les Temps Retrouvés, ApotropaïK, Danielis, La Sportelle, Daria Zemele (clavecin) : c’est parmi ces six noms que le public choisira cette fois. On lui fait entière confiance : en 2018 il avait retenu les Kapsber’Girls, qui sont d’ailleurs de retour avec leur délicieux « Vous avez dit brunettes ? »

Toujours au chapitre des jeunes interprètes, on n'oublie pas la présence de l’Ensemble Irini, de Maïlys de Villoutreys au côté d’Amarillis dans Bach et Telemann, de Nevermind pour des quatuors français de Couperin à Hersant, ou encore du Consort dans Vivaldi et Corelli. Une formation dont l’envol se confirme avec la sortie d’un superbe volume mêlant les Six Sonates de l’Opus 1 de Dandrieu à quelques pages de Corelli : un grand rayon de soleil dans la rentrée discographique ! (1)

Enfin, fidèle à ce qui est désormais aussi une habitude, Sinfonia conclut par un ouvrage lyrique et confie aux Nouveaux Caractères de Sébastien d’Hérin la Fairy Queen de Purcell. Autant dire que le tour de l’Europe baroque est complet !

Alain Cochard