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2ème Rungis Piano-Piano Festival – Le temps de l’envol – Compte-rendu
Situé à l’approche de l’annonce du deuxième confinement, le premier Rungis Piano-Piano Festival avait été quelque peu entravé par le contexte sanitaire. Il en est allé tout autrement lors d’une 2e édition qui a permis au beau projet de Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle de prendre toute sa dimension. Un bel et utile projet car il n’existait jusqu’à présent aucune manifestation spécifiquement consacrée au répertoire à deux pianos en France.
Ludmila Berlinskaïa & Arthur Ancelle © Laurent Bugnet
2021 restera donc comme l’année de l’envol du Piano-Piano Festival avec une riche affiche où l’on relevait les noms de Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle (photo) bien sûr, mais aussi ceux de Philippe Cassard et Cédric Pescia, Hélène Mercier et Louis Lortie, Lukas Geniušas et Anna Geniushene ou encore André Manoukian et Jean-François Zygel.
Le public a en outre pu découvrir beaucoup de jeunes duos de grande qualité auxquels les organisateurs ont eu l’excellente idée de confier une « Première partie jeunes talents » en prélude à chaque programme. Et il ne faudrait pas oublier les nombreux à-côtés du festival, parmi lesquels des masterclasses, ou encore des concerts itinérants sur un camion-scène.
Zala & Val Kravos © Colin Le Dorlot
Temps fort du 2e Festival, la soirée avec l’Orchestre national d’Île-de-France a fait le plein au Théâtre de Rungis et partant offert une exposition pleinement méritée au duo Zala et Val Kravos auquel revenait la Première partie. Sœur et frère, ces deux artistes (respectivement nés en 2002 et 2004) d’origine slovène, luxembourgeois d’adoption, se présentaient au Piano-Piano Festival dans l’une des œuvres les plus populaires du répertoire pour deux pianos : La Valse de Maurice Ravel (la version originale de l’ouvrage, créé par l’auteur et Alfredo Casella à Vienne en octobre 1920). Point d’effets faciles dans leur interprétation mais, tout au contraire, une conception aussi sobre – et économe de pédale ! – qu’intense, fourmillante de détails et fermement conduite. D’une force tragique que l’on pourrait qualifier d’insidieuse, elle prouve de manière aussi originale qu’intelligente que « le tourbillon fantastique et fatal » de l’ouvrage peut se déchaîner sans aucunement nécessiter une avalanche de décibels. Un remarquable jeune duo à suivre avec attention ; on espère retrouver rapidement Zala et Val Kravos sur une scène française !
Rebecca Tong © C. d'Herouville
Place ensuite à l’Orchestre national d’Île-de-France, qui se produit sous la baguette de Rebecca Tong, artiste indonéso-américaine révélée par son 1er Prix au 1er Concours La Maestra en septembre 2020. Si une réalisation de la maturité de Mendelssohn, l’Ouverture de la musique de scène pour le Songe d’une nuit d’été, ouvre la partie symphonique de la soirée de manière aussi simple que vivante, on revient aux débuts du compositeur avec le rare Concerto en mi majeur pour deux pianos (1823) partition que le prodigieux Felix écrivit à 14 ans pour lui et sa sœur Fanny. Difficile de résister à la vivacité et à la tendresse, comme au relief que Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle apportent aux deux allegros, qu’ils emportent avec une fraîcheur adolescente. Et que d’imagination mettent-ils dans l’Adagio non troppo – pièce étonnante quand on songe à l’âge de son auteur –, sachant en traduire la riche expression et les coloris changeants sans surcharger le propos. Un pétillant Tsfasman en bis prolonge le plaisir.
La précocité de l’auteur, Schubert en l’occurrence, est à nouveau de mise en fin de programme avec la 5e Symphonie D. 485, née de la plume d’un musicien de 19 ans. L’ombre de Mozart plane certes au-dessus de la partition mais, par son approche lumineuse et allante (avec un Andante vraiment con moto), Rebecca Tong parvient à souligner sa singularité, dans conception très équilibrée et gorgée du bonheur et de l’enthousiasme d’un jeune compositeur parvenant à la pleine possession de son art.
Quant à Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, on les retrouvera le 25 novembre aux Invalides (1) dans Mendelssohn et Poulenc, aux côtés de l'Orchestre de Picardie dirigé par Arie van Beek.
Alain Cochard
(1) www.musee-armee.fr/au-programme/cette-semaine-au-musee/detail/deux-pianos-en-fete.html
Rungis, Théâtre, 2 octobre 2021 // rungispianopiano-festival.com/edition-2021/
© Colin Le Dorlot
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