Après « Les Solistes aux Serres d’Auteuil » et « Quatuors à Saint-Roch », deux manifestations parisiennes, Anne-Marie Réby a ajouté une nouvelle corde à son arc en 2010 en fondant le Festival « Salines en Musique » dans le Jura. Une fête chambriste, étroitement associée au patrimoine architectural, au sujet de laquelle la directrice artistique nous en dit plus à l’approche d’une édition 2012 qui se déroulera du 4 au 8 juillet.

Comment est née l’idée de « Salines en Musique » ?

Anne-Marie Reby : En 2009, un habitué de notre festival parisien « Les Solistes aux Serres d'Auteuil », m'a demandé si je serais intéressée par créer un festival dans le Jura pendant l'été, autour de Salins-les-Bains car, bien que parisien, il était investisseur dans cette ville et désireux d'y apporter un rayonnement musical. Je ne connaissais pas cet endroit et je suis allée visiter des lieux susceptibles accueillir des concerts. Le choix a été difficile car cette magnifique région possède un patrimoine architectural exceptionnel et encore méconnu. Il se trouve qu'en juin de la même année, la grande saline de Salins a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

  Dans quels lieux justement se déroulent les concerts et à quelle fréquence ?

A.-M. R. : Mis à part le premier jour qui offre un seul concert le soir, nous proposons deux rendez-vous par jour, l’un à 18h (une heure sans entracte) et l’autre le soir (de dimensions «normales»). Nous nous installons d'abord pour deux jours dans la chapelle du superbe Fort Saint-André de Salins, qui est très gentiment mise à notre disposition par le responsable de ce rare exemple d'architecture religieuse de Vauban. L'acoustique est extraordinaire et la vue plongeante sur la ville à couper le souffle !

Ensuite, nous descendons à nouveau pour deux jours à la très belle Collégiale Saint-Anatoile, une acoustique ici plus réverbérée qui permet également aux spectateurs de découvrir un haut lieu du patrimoine jurassien. Et cette année nous donnons également un concert dans l'église d'Aresches, sur les hauteurs de Salins, qui abrite un magnifique retable du XVIIème siècle. Enfin, le dernier jour, nous transportons les musiciens et le public à 25 km, à Syam, village qui possède une étonnante et sublime villa palladienne, dotée d'un petit théâtre à l'italienne, où nous proposons un Liederabend. Quant aux anciennes écuries, elles accueillent le concert de clôture.

Chaque jour, un des musiciens descend dans la grande saline pour offrir cinq minutes de surprise musicale aux visiteurs, mais cinq minutes seulement car si le lieu est magique, si l'acoustique y est exceptionnelle, il n'y fait quand même que 14°…

Comment concevez-vous la programmation ?

A.-M. R. : Le principe est celui d'une résidence de musique de chambre de neuf musiciens basée toujours sur la même instrumentation : un quintette avec piano, une voix et un instrument à vent (pendant 3 jours) qui change chaque année. Nous avons entendu la clarinette de Paul Meyer la première année, le hautbois d'Hélène Devilleneuve en 2011 et cette année, c'est Juliette Hurel qui fera découvrir au public le très beau répertoire écrit autour de la flûte. Pas de thème précis en général, sauf pour cette 3ème édition qui fête Debussy et, par voie de conséquence, fait aussi entendre des pièces rares de Roussel, Caplet, Poulenc ou Duparc. Mais Mozart, Beethoven et Schubert seront toujours au rendez-vous.

C'est une programmation finalement assez éclectique qui propose des compositions très connues mais qui a aussi à cœur de faire découvrir de belles œuvres plus rares dans des lieux magnifiques.

Propos recueillis par Michel le Naour, le 25 juin 2012

Festival « Salines en Musique »
Du 4 au 8 juillet 2012
Salins-les-Bains et ses environs

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Photo : Guy Vivien