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34ème Semaines musicales de Quimper - Variété et qualité - Compte-rendu
Les Semaines Musicales de Quimper proposent chaque été une invitation au voyage musical, offrant au public des concerts souvent marqués du sceau de l’originalité dans des lieux de mémoire. Désormais placée sous la direction artistique du compositeur Christian Lauba, la manifestation n’a pas dérogé à la règle pour sa 34ème édition.
A Fouesnant, Jean-François Heisser (photo) consacre son récital à l’intégrale d’Iberia d’Isaac Albéniz. Redoutable sur le plan technique, la performance n’est pas pour intimider un interprète qui remet sans cesse sur le métier ce recueil aux parfums entêtants dont il s’est fait une spécialité. Faut-il rappeler qu’en 1974, il recevait le Prix du Concours Jaén et une mention spéciale pour ses interprétations de la musique espagnole ? Avec le temps, son approche quintessenciée de ces douze « Impressions » colorées est devenue plus intériorisée, sans pour autant perdre en sens du rythme et du duende, dans une vision poétique d’une impressionnante maîtrise où la pure musicalité fait oublier les marteaux d’un Steinway pourtant fatigué.
Dans le même lieu, le pianiste Charles Offenstein (29 ans), lauréat du dernier Concours International de Brest, fait preuve d’élégance et de subtilité avec un programme dense et varié où J-S. Bach (le Caprice sur le départ de son frère bien-aimé BWV 992 à l’exécution un peu retenue) voisine avec Frédéric Chopin (2 Nocturnes op 62 et Ballade n°4 au galbe naturel), Charles Tournemire (un puissant et organistique 12ème Prélude-Poème) et surtout Maurice Ravel (un Gaspard de la nuit de belle et subtile facture).
Quelques heures plus tard, Tedi Papavrami et François-Frédéric Guy font preuve d’une belle complicité dans la Sonate pour violon et piano de Debussy, jouée en demi-teinte, embrasent la tragique Sonate n°1 de Prokofiev et parviennent à un équilibre souverain dans la Sonate n°7 de Beethoven. L’intimité de l’église gothique Notre-Dame de Kerdévot à Ergué-Gabéric, malgré les contraintes d’une acoustique trop réverbérée, convient à l’exécution de deux œuvres rares pour violon et violoncelle (le Duo de Zoltan Kodály et la Sonate de Maurice Ravel) par les archets de Francis Duroy et d’Henri Demarquette. Interprétation engagée et rhapsodique à souhait pour la pièce du Hongrois, enflammée et rigoureuse pour celle de l’auteur du Boléro ; un exercice de style un peu austère mais parfaitement assumé par des solistes de haut vol. Ces instants rares de musique sont partagés par un public attentif, presque frustré par une heure de musique si aboutie qu’une Fantaisie de Lassus et la reprise en bis du Très vif médian de la Sonate de Ravel achève de le rassasier. Michel Le Naour
Fouesnant, L’Archipel – Ergué-Gabéric, église Notre-Dame de Kerdévot, les 5, 9, 13 août 2012
Prochain concert : 20 août au Théâtre de Cornouaille à Quimper ; autour du Pâtre sur le rocher de Schubert avec Yumiko Tanimura, soprano ; Richard Rimbert, clarinette et Jonas Vitaud, piano. Rens. : http://www.semaines-musicales-quimper.org
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Photo : DR
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