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3ème Concours Vibrarte - Une excellente cuvée - Compte-rendu
Pour sa troisième édition dédiée au violon, le Concours International de Musique Vibrarte présidé par Radu Blidar, professeur au Collège Royal de Musique de Londres, n’a pas été un long fleuve tranquille. Les six finalistes ne sont pas en cause, car tous, lauréats de grandes compétitions, se sont montrés à la hauteur des espérances tant leur niveau était élevé. Le problème réside davantage dans la difficulté éprouvée par le jury (constitué entre autres de Pierre Amoyal, Ilya Grubert, Mihaela Martin, Eszter Perényi) à faire un choix cruel au terme des épreuves libres.
A l’issue d’une longue délibération est sorti vainqueur l’Américain Noah Bendix-Balgley (27 ans - photo) résidant actuellement à Munich et disciple de Christoph Poppen. Il s’est déjà distingué à Paris en 2008 par un 3ème Prix au Concours Long-Thibaud et a été finaliste du « Reine Elisabeth » en 2009 à Bruxelles. Sa prestance, son style assuré, son archet parfaitement maîtrisé ont fait la différence (Tzigane de Ravel, Sonate n°2 de Prokofiev), et son interprétation de Ningun de Bloch où soufflait le vent de l’esprit a enchanté le public, lui permettant d’empocher le 1er Prix (doté de 16 000 €).
Parfait, parfois trop lisse, le Coréen Hyuk Joo Kwun (26 ans, 2ème Prix), qui a étudié à Moscou et a remporté en 2004 le Concours Carl Nielsen, est un magnifique musicien (superbe exécution de la Sonate n°2 de Ravel et du Divertimento de Stravinski) qui manque pourtant de flamboyance et d’un grain de folie (Fantaisie sur des thèmes de Carmen de Waxman).
Ce n’est pas l’imagination qui manque à l’Estonienne Mari Poll (24 ans, 3ème Prix), étudiante au Collège Royal de Musique de Londres, qui s’est illustrée en 2008 lors du Concours Yehudi Menuhin. Rhapsodique à souhait, accompagnée avec beaucoup d’à-propos par la pianiste Jennifer Hughes, elle domine la virtuosité formelle de la redoutable Fantaisie de Schoenberg comme les élans de la Sonate n°2 de Bartók. Fine, élégante, un rien canaille dans la Sonate de Poulenc (qui lui vaut le Prix Robert Casadesus pour la meilleure interprétation de la musique française), elle manifeste une aptitude à s’adapter aux répertoires les plus variés.
Les trois autres candidats n’ont pas démérité : ni le Belge Marc Bouchkov (20 ans), confronté à des problèmes de style (Tzigane de Ravel), ni l’Israélien Itamar Zorman (26 ans) au vibrato très serré (Prix pour la meilleure interprétation de la musique contemporaine) ou encore l’Allemand Albrecht Menzel (19 ans) à l’emportement excessif (Variations sur un thème original de Wieniawski), mais dont l’excellente approche de la Sonate n°1 de Schnittke aurait mérité des encouragements plus substantiels. Un vivier de jeunes musiciens du plus grand intérêt qui donne incontestablement à ce concours toute sa légitimité et sa reconnaissance internationale.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre Adyar, 22 mai 2011
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Photo : DR
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