Zhu Xiao Mei dans les Variations Goldberg, puis une création mondiale d’Abd Al Malik et de Bruno Fontaine intitulée « Pulsations et résonnances des blocs » (une rencontre qui promet !) : les deux premières soirées du 4ème Festival « L’Esprit du Piano » résument à elles seules la philosophie d’une manifestation (elle existe, rappelons-le, grâce au soutien de la Fondation BNP Paribas qui la présente en partenariat avec l’Opéra de Bordeaux) qui allie l’attachement au grand répertoire et à des interprètes reconnus au goût pour l’aventure et la découverte.

Une figure tutélaire comme tous les ans : cette fois, c’est Elisabeth Leonskaja qui fait halte à Bordeaux pour deux concerts, l’un où elle noue le dialogue avec l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine dirigé par Sascha Goetzel dans le 22ème Concerto de Mozart, tandis que le chef viennois conduit par ailleurs Haydn (97ème Symphonie), Adams et Reich ; l’autre, un récital mêlant Enesco, Ravel, Debussy et Schubert (Sonate D 850).

La force de L’Esprit du Piano tient aussi à sa capacité à aller contre les modes. La plupart des organisateurs de concerts français continuent de snober Pietro De Maria, l’un des plus éminents quadras du piano italien ; allez comprendre. Qu’à cela ne tienne, après le Festival Chopin de Bagatelle dont la curiosité est une fois de plus à saluer, c’est au tour de Paul-Arnaud Péjouan, directeur artistique de L’Esprit du Piano, de convier De Maria pour une soirée événement : une intégrale du Livre I du Clavier Bien Tempéré. Les quelques extraits de l’ouvrage entendus à Bagatelle cet été promettent un grand moment !

Quant à la génération montante, elle est très bien représentée comme toujours : Kotaro Fukuma est au rendez-vous avec un récital plein de couleurs et de feu (programme presque identique à celui avec lequel le Japonais a secoué le public de la salle Cortot le mois dernier) ; Guillaume Vincent est présent aussi pour un récital Alkan-Rachmaninov certes déjà entendu ailleurs mais que l’on guette néanmoins avec impatience tant l’interprète a su faire sienne l’immense Sonate « Les Quatre Âges » du « Berlioz du piano ».

Le public étudiant se voit toujours réserver un concert de L’Esprit du Piano ; le festival le gâte cette année avec un récital (à l’Amphi 700) de l’éblouissant Konstantin Soukhovetski qui, outre Ravel, Glass et Liszt (la Sonate) donne en création mondiale sa transcription des Quatre derniers Lieder de Strauss. La conclusion du festival revient aussi à la jeunesse avec Alexander Krichel (photo), vraie personnalité du clavier allemand dont le concert comprend entre autres la Sonate n°3 d’Enesco - elle suit de près la 1ère, jouée quelques jours avant par Leonskaja (1) - et la création mondiale d’une composition d’A. Krichel : Rêves – Fantaisie quasi-cycle.

Alain Cochard

(1) Rappelons que la 2ème Sonate pour piano d’Enesco… n’existe pas !

4ème Festival L’Esprit du Piano
Du 12 au 19 novembre 2013
Bordeaux – Auditorium, Amphi 700, Eglise Notre-Dame
www.opera-bordeaux.com

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Alain Cochard

Photo : Steven Haberland