Pour la 28^e édition du Festival International de Colmar, Vladimir Spivakov, son incontournable directeur artistique, a décidé de rendre hommage à Jascha Heifetz dont l’étoile, trente ans après sa mort, continue de briller au firmament du violon. Outre Spivakov à la fois soliste et chef de l’Orchestre National Philharmonique de Russie (aux destinées duquel l’artiste préside depuis 2003), était invitée cette année une pléiade d’interprètes souvent issus de la nouvelle génération.
 
La Moldave Alexandra Conunova, née en 1988, victorieuse du Concours Joseph Joachim 2012 et lauréate d’autres compétitions (Tchaïkovski, Singapour, Enesco, Tibor Varga, Ion Voicu…), est une disciple de Renaud Capuçon à l’Ecole de Musique de Lausanne. Sa prestation donne un aperçu de ses immenses capacités : véloce et subtile dans le Concerto n° 2 en ré mineur de Wieniawski, si rarement joué en raison des prouesses techniques qu’il réclame, la jeune violoniste sait se montrer lyrique dans le Poème de Chausson et stylistiquement très à son aise dans Tzigane de Ravel, emporté par un élan communicatif.

Attentif dans son accompagnement, Spivakov entraîne ses musiciens moscovites en ouverture dans un enthousiaste Viva Wieniawski sur des thèmes du compositeur polonais arrangés par Alexander Povolotsky. En revanche, il bouscule quelque peu La Valse de Ravel excessivement contrastée et plus symphonique que chorégraphique, mais la Valse triste de Sibelius, donnée en bis, suscite un moment d’émotion en mémoire de Marianna Chelkova, disparue l’an dernier. Elle fut l’une des chevilles ouvrières du festival par sa présence souriante et par sa science musicologique dans la rédaction des programmes, désormais assurée dans le même esprit par Christophe Ghristi
 
Michel Le Naour

Colmar, Eglise Saint-Matthieu, 8 juillet 2016

Photo : Vladimir Spivakov (dir.) et Alexandra Conunova (violon) © Bernard Fruhinsholz