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Ali Baba et les Quarante voleurs à l’Opéra du Rhin - Cherubini pour les juniors


Patron de l’Opéra du Rhin, Marc Clémeur a fait de la sensibilisation des enfants à l’opéra l’une des priorités de son action à la tête de l’institution alsacienne. Avec l’Opéra de Paris et son Atelier lyrique, celle-ci est la seule maison d’opéra française à disposer d’une structure de formations de jeunes chanteurs : l’Opéra Studio (les ex-Jeunes Voix du Rhin). Installé à Colmar et dirigé par Vincent Monteil, il constitue un outil essentiel de la politique en direction du jeune public et l’opéra pour enfants est devenu l’un des volets importants de son activité.

Après la création française d’Aladin et la lampe merveilleuse de Nino Rota (dans une mise en scène très remarquée de Waut Kooken ) l’an dernier, l’Opéra studio poursuit dans la veine orientaliste et dans la rareté avec Ali Baba et les Quarante voleurs de Luigi Cherubini ; ou plutôt avec un digest spécial têtes blondes d’une tragédie lyrique en quatre actes avec prologue créée en 1833 au terme d’une genèse assez compliquée (Cherubini réutilise du matériau issu de Koukourgi, partition de jeunesse jamais représentée). De ce vaste ouvrage, le compositeur Pierre Thilloy a tiré pour l’Opéra Studio une version courte (1h 20 env.) avec petit ensemble instrumental.

A la différence d’Aladin, qui constituait un spectacle de « fin d’études » pour la plupart des membres de l’Opéra Studio, il importe de noter qu’avec cet Ali Baba les jeunes chanteurs, à deux exceptions près, participent à la première production de leur cursus, ce qui aide à comprendre des prestations moins affirmées que dans l'ouvrage de Nino Rota. L’expérience de la scène est irremplaçable comme le prouvent deux artistes déjà présents dans Aladin : la mezzo Eve-Maud Hubeaux qui incarne une convaincante Morgiane, tandis que Jean-Gabriel Saint-Martin campe un Ours-Khan dont l’autorité, la franchise d’intonation et l’exceptionnelle qualité de diction augurent du meilleur pour ce baryton tout juste trentenaire. Avec moins d’assurance mais un bel engagement néanmoins l’Américain Mark Van Arsdale offre un touchant Nadir (en alternance avec John Pumphrey), la Belge Hanne Roos une Délia sensible (en alt. avec Emilie Brégeon). De nouveaux venus à l’Opéra Studio dont on aura à cœur de suivre le parcours(1), tour comme celui de Yuriy Tsiple (Ali Baba), de Dimitri Pkhaladze (Aboul-Hasssan) ou de Michaël Guedj (Thamar). Quant aux voleurs ce sont des enfants issus de la Maîtrise de l’Opéra National du Rhin qui occupent – et fort bien ! – ces rôles.

Comparé à la féérique mise en scène de Vaut Kooken dans Aladin, le travail de l’Allemand Markus Bothe – associé à Alexandre Corazzola (décors) et Sabine Blickenstorfer (costumes) – s’avère plus sage. Avec son placide crocodile échappé d’on ne sait trop où, il n’en touche pas moins sa cible : celle d’un spectacle pour enfants riche de jolies images.
A la tête de l’Ensemble Orchestral du Conservatoire de Strasbourg, Vincent Monteil mène la danse avec enthousiasme. Il restait encore des réglages à effectuer pour les jeunes instrumentistes le soir de la première mais, après les représentations à venir à Strasbourg et à Mulhouse en janvier, nul doute que cet Ali Baba aura mûri : on le retrouvera avec intérêt à Paris sur la scène du Théâtre de l’Athénée à la fin du mois d’avril.

Alain Cochard

(1) En mars à Mulhouse, les chanteurs de l’Opéra Studio participeront à un Don Pasquale mis en scène par Nicola Glück

Cherubini : Ali Baba et les Quarante voleurs (arrgt de Pierre Thilloy). Colmar, Théâtre municipal, le 15 décembre 2010. Prochaines représentations à Strasbourg (Auditorium de la Cité de la musique et de la danse) les 3, 4, 5, 6 et 7 janvier ; à Mulhouse (La Sinne) les 28, 29 et 30 janvier ; à Paris (Théâtre de l’Athénée) les 27, 28, 29 et 20 avril 2011



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Photo : Alain Kaiser

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