Le manteau de neige hivernal n’a pas dissuadé le public de se déplacer au TCE pour assister à ce Concert du Dimanche matin. Bien lui a pris, tant la connivence qui unit la violoniste russe Alina Ibragimova et le pianiste français Cédric Tiberghien (photo) de l’évidence avec deux œuvres essentielles de la musique de chambre : le grand Duo D. 574 (1817) et la Fantaisie D. 934 (1827) de Schubert.

On est frappé d’emblée par la simplicité et le sens musical infaillible dont font preuve les deux interprètes dans ces partitions libres, improvisées, d’un lyrisme très contrôlé où passent les humeurs, les paysages intérieurs des dernières sonates pour piano ou des Impromptus. Tenue d’archet impeccable et sonorité profonde de la violoniste, superbement soutenue par le clavier fluide, à l’imagination toujours en éveil d’un pianiste que l’on aimerait entendre plus souvent dans l’Hexagone. Dans la Fantaisie, la clarté de leur discours, la subtilité de touche, le sens du mystère, dépassent la seule virtuosité pourtant très présente (Allegretto et Allegro vivace final), pour atteindre un idéal de naturel et d’équilibre. A aucun moment ne transparaît le désir de se mettre en avant, mais toujours domine le sentiment d’une fusion entre deux schubertiens complices.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 20 janvier 2013

Prochain concert de Cédric Tiberghien : Salle Pleyel, le 23 janvier, dans le Concerto n°1 de Beethoven avec l’Orchestre National d’Ile-de-France sous la direction d’Enrique Mazzola.

Lire l’interview de Cédric Tiberghien :
http://www.concertclassic.com/journal/articles/alaune_20130116_4797.asp

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Photo : Benjamin Ealovega