Un opéra, et quel ! Tristan et Isolde, et un concert. L’Orchestre Symphonique de Birmingham revient chez Gabriel Astruc, dans l’acoustique si palpable de ce Théâtre des Champs-Elysées où il semble avoir trouvé ses marques. Mais c’est d’abord pour son nouveau directeur musical, Andris Nelsons, qu’on ira à ce double rendez-vous. En quelques années, il a métamorphosé l’orchestre, le faisant renouer avec le niveau d’excellence qu’il avait atteint lors du long magister de Simon Rattle. Comment ne pas noter pourtant que Nelsons en a radicalement changé la nature sonore : ces assises de marbre, ces percussions d’étain, ce son intense et noir, le chef letton les a imposés avec un art indiscutable.

On entend déjà l’océan gris, plombé, du premier acte de Tristan, la magie enténébrée du jardin, le délire foudroyant du III. Mais la distribution tiendra-t-elle ses promesses ?
On avait espéré Nina Stemme, ce sera finalement la très honnête Lioba Braun qui dévoilera son Isolde face au Tristan bien connu de Stephen Gould. Matthew Best sera le plus simple, le plus modeste des Roi Marke, Brett Polegato un Kurwenal grand teint, mais surveillez surtout la Brangäne de Christianne Stotjin !

Le lendemain, concert Mahler Strauss Sibelius faisant la part belle à Jonas Kaufmann qui ose des Kindertotenlieder que son timbre de ténor sombre lui rend naturellement tentant. Puis quatre mélodies de Strauss, en général apanage des sopranos. Choix délibérément tentateur et dangereux, challenge ! Et pour clore la soirée la Deuxième Symphonie de Sibelius.
Quel festival ! Immanquable !

Jean-Charles Hoffelé

Orchestre Symphonique de Birmingham, dir. Andris Nelsons
Richard Wagner : Tristan et Isolde
11 mars 2012 - 18h.

Concert Mahler, Strauss, Sibelius, avec Jonas Kaufmann
12 mars 2012 - 20h
Paris - Théâtre des Champs-Elysées

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Photo : Marco Borggreve