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Andris Nelsons, Hélène Grimaud et le Philharmonique de Vienne - Une renversante « Pathétique » - Compte-rendu
Soirée de prestige au Théâtre des Champs-Elysées avec la venue de l’Orchestre Philharmonique de Vienne sous la direction du jeune chef letton Andris Nelsons avec Hélène Grimaud, interprète du redoutable Concerto pour piano et orchestre n°2 de Brahms.
Tout commence plutôt bien : enveloppée par un orchestre aux cordes suaves, aux bois et aux cuivres fruités, la soliste aborde l’Allegro non troppo avec véhémence dans un combat haletant, un rien percussif. Les choses se gâtent dans l’Allegro appassionato plus appuyé que fantastique. L’Andante, illuminé par un violoncelle solo parfait d’intonation ne trouve pas ce sens de la poésie que l’on attend. Quant à l’Allegretto grazioso final, il peine à prendre toute sa dimension malgré les encouragements d’un accompagnement fervent.
L’énergie que dépense la pianiste dans ce concerto si symphonique d’esprit ne possède ni chaleur généreuse, ni rythmique implacable. On se demande pourquoi, hormis l’intérêt médiatique de l’affiche, ne pas plutôt inviter des interprètes tels que Nicholas Angelich, Philippe Bianconi ou Cédric Tiberghien, bien plus à leur aise dans cette œuvre granitique exigeant des moyens qui ne sont pas ceux d’Hélène Grimaud.
La Symphonie « Pathétique » de Tchaïkovski est conduite avec un souffle, un sens dramatique puissant (Allegro non troppo initial), des qualités de phrasé (Allegro con grazia), une progression dynamique (Allegro molto vivace) et une tension culminant dans l’Adagio lamentoso final. Le sentiment d’urgence et la fermeté de l’architecture sont défendus par des instrumentistes d’une homogénéité sans faille, répondant au moindre désir d’un chef démonstratif mais pleinement concentré. Une version dont on ne sort pas indemne…
En bis, la Valse triste de Sibelius, sous la gestique ample et suggestive d’Andris Nelsons, montre les Wiener Philharmoniker à leur meilleur. A la fois souples, subtils et d’une finesse de trait inimitable, ils manifestent ce sens inné de la danse qui est leur signature.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 23 novembre 2012
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Photo : Marco Borggreve
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