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Après la fatigue du jour par l’Académie de l’Opéra de Paris – Entre nuit voluptueuse et rêve éveillé – Compte-rendu
La thématique fait appel au lied germanique, avec des pages célèbres (les nos 1, 4 et 6 du Winterreise de Schubert), autour des Quatre derniers Lieder de Richard Strauss, avec quelques incursions vers des extraits d'autres partitions connues (Didon et Enée de Purcell, 5e Bachianas brasileiras de Villa-Lobos, Mascarade de Khatchaturian) dans des arrangements dus à Benjamin Laurent. Un choix musical propre à plaire au public de cette soirée gratuite à l’Amphithéâtre Bastille. La mélancolie romantique des lieder berce donc le climat du spectacle, que la mise en scène contribue à évoquer : tenues noires et blanches (d’Agnès Dupuis), gestes chorégraphiés (par Julien Ferranti), décor sobre (de Lucie Mazières) devant un pan de mur en forme d’entrée de temple et sur un tapis blanc, lumières choisies (par Louis Sady), jeux d’étreintes et de bal. L’heure et demie s’écoule comme un film dont elle a la durée, entre nuit voluptueuse et rêve éveillé.
© Vincent Lappartient - Studio j’adore_ce_que_vous_faites
Les dix chanteurs accomplissent un sans-faute, dans leur participation scénique comme vocale (à mettre au compte de la préparation de Jeff Cohen), depuis l’épanchement (dans Strauss), l’intériorité (dans Schubert), l’envol (tous ensemble dans le n° 8 des Liebeslieder Walzer op.52 de Brahms). Citons-les tous, tant ils le méritent : côté sopranos, la new-yorkaise Ilanah Lobel-Torres, la Russe Kseniia Porshina, l’Italienne (d’un bel élan) Martina Russomanno – ces deux dernières se partageant les Quatre derniers Lieder – , la Française Lise Nougier, la mezzo française Marine Chagnon, le ténor coréen Kiup Lee, le baryton chypriote Yiorgo Ioannou, le baryton étatsunien Alexander York, la basse (pénétrante) de l’Espagnol Alejandro Baliñas Vieites, le baryton moscovite Alexander Ivanov (seul quelque peu, mais peu, à la peine). Un bouquet de chanteurs que l’on avait déjà pu apprécier lors de précédents spectacles de l’Académie.
Pour les accompagner : un quatuor à cordes (Jeroen Suys & Marin Lamacque, Marie Ducroux, Johann Causse) – en charge aussi du Lento assai du 16e Quatuor de Beethoven – et trois pianistes-chefs de chant qui se partagent la soirée, à deux ou quatre mains : Hugo Mathieu, Carlos Sanchis Aguirre, Ramon Theobald. Autant d’artistes accomplis pour une attachante réussite !
Pierre-René Serna
Photo © Vincent Lappartient - Studio j’adore_ce_que_vous_faites
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