Découverte en 1900 à Leuhan (Finistère) lors de la fouille du tumulus de Saint-Bélec, ce l’on désigne comme dalle de Sainte-Bélec, pierre de schiste gravée d’un peu plus d’une tonne, est entrée dans les collections du Musée d’Archéologie National en 1924. Pendant longtemps encore cette pièce (datée de 2000 ans env. avant J.C.) devait demeurer mystérieuse aux yeux des scientifiques. Ce n’est que très récemment en effet que deux chercheurs, Yvan Pailler et Clément Nicolas, sont parvenus à la conclusion qu'elle constitue en fait la plus ancienne représentation cartographique connue d’un territoire en Europe – englobant en l’occurrence la zone du tumulus où elle a été trouvée et la vallée de l’Odet. Autant dire que la dalle de Saint-Bélec avait tout pour parler au cœur du musicien d’origine finistérienne qu’est Benoît Menut et pour stimuler son imagination dans la conception d’un ouvrage pour alto solo.
 
Découvrez Ar Men de Benoît Menut par Karine Lethiec : www.youtube.com/watch?v=GvPPOdXp2b4
 
Intitulée Ar Men (la pierre en breton), la partition s’inspire donc d'un territoire traversé par une rivière qui s'écoule jusqu’à la mer. Compte tenu du support de cette représentation, le choix de l’alto allait de soi pour un compositeur qui perçoit « un aspect minéral dans le timbre, le spectre harmonique de l’instrument ». La composition de l’ouvrage, décrit par son auteur comme un « voyage en plusieurs étapes », aura aussi donné lieu à un dialogue très étroit avec Karine Lethiec avant de parvenir au stade définitif d’une réalisation donc les cinq volets suivent la topographie désignée par la dalle de Saint-Bélec : Krugel – le tumulus /Hent – la route / Menez Du – les montagnes noires / Landudal – le massif / Oded – L’Odet, vers la mer. Un cheminement jusqu’à l’immensité de l’océan, merveilleusement suggérée par la dernière section d’Ar Men ...