Commande de l’Opéra-Comique à Isabelle Aboulker, Archipel(s) constitue la première création lyrique des jeunes recrues de la Maîtrise Populaire. Sont ainsi rassemblés non moins de 85 enfants, adolescents et jeunes adultes (de 8 à 25 ans) pour un séduisant spectacle où ils s’en donnent à cœur joie, forts d’une remarquable préparation.
 

© Stefan Brion
 
Isabelle Aboulker s’est fait un nom dans le répertoire destiné aux voix d’enfants. Avec à son actif près d’une trentaine d’opéras pour jeune public, elle était toute indiquée pour ce nouveau spectacle propre à mettre en valeur la Maîtrise Populaire. De fait, avec le librettiste Adrien Borne, romancier et journaliste nouveau venu dans le domaine lyrique, la pièce emporte l’adhésion d’un public majoritairement scolaire, comme de ses participants – lesquels ont amplement pris part à l’élaboration du livret. Une œuvre pour et par des jeunes. C’est ainsi que ce conte d’un enfant épris de rêves et de voyages, jouit d’une musique inscrite à travers ses contours mélodiques et rythmiques dans un langage néo-tonal accessible à tous, laissant la part belle à la narration.
 

© Stefan Brion

Dans la mise en scène de James Bonas, faite d’un grand plateau sombre et nu aux lumières variées (de Laïs Foulc), les jeunes intervenants tout de blanc vêtus puis bariolés (décors et costumes de Thibault Vancraenenbroeck) se démènent à qui mieux-mieux, virant de grands chœurs homogènes (préparés par leur cheffe de chœur Clara Brenier) à des chansons solistes tout aussi emportées et bien lancées. D’autant que large place est faite à de bondissantes parties dansées, dans une chorégraphie d’Ewan Jones et sans aucun préjudice du chant. Ne pouvant les citer tous, relevons les trois rôles principaux échus avec brio à Victor Ozanne-Cojbuc (l’Enfant 1), Jade-Olivia Oumi (l’Enfant 2) et Micha Calvez-Richer (le Tricoteur). Bel élan d’ensemble comme de solistes !

L’orchestre des Frivolités Parisiennes est de la partie, dont les dix-sept instrumentistes interviennent avec la légèreté requise et d’un bel accord, sous la baguette vigilante de Mathieu Romano. Pour une heure d’un spectacle enthousiaste et enthousiasmant, qui fait un bel honneur à la Maîtrise Populaire et au travail de sa fondatrice (en 2016) et directrice : Sarah Koné.

Attention : une seule représentation en soirée, le 3 mai.
 
Pierre-René Serna