Nous y voila : enfin on exhume l’Artaserse de Leonardo Vinci (1690-1730), cet opéra que le Président de Brosses portait aux nues, et qui, un décret papal interdisant à Rome la présence de gosier féminins en scène, fut interprété uniquement par des castrats, Carestini en tête. Diego Fasolis est parvenu a réunir cinq contre-ténors pour redonner l’ouvrage en quelque sorte dans son jus.

Mais qu’est dont Artaserse ? Autant qu’on peut en juger en écoutant l’enregistrement qu’en publie Virgin ces jours ci (1) et dont on retrouvera la distribution à l’Opéra national de Lorraine dans une mise en scène de Silviu Pucarete du 2 au 10 novembre, puis pour deux concerts parisiens, un énième opéra napolitain avec récitatifs et arias da capo écrits au mètre.

Cependant, Diego Fasolis avec ses chanteurs et le Concerto Köln s’entendent comme personne pour animer une œuvre qui en a besoin, car le sens théâtral de Vinci, aussi certain qu’il soit, doit être quelque peu violé pour produire ses effets. En tous cas le plateau est brillantissime, avec un Philippe Jaroussky enflammé, un Max Emanuel Cencic (photo) toujours aussi virtuose, et une découverte de taille, le contre-ténor roumain Valer Barna-Sabadus qui incarnera Semira.
Tentez l’expérience.

Jean-Charles Hoffelé

(1)Leonardo Vinci, Artaserse, Jaroussky, Cencic, Behle, Fagioli,  Barna-Sabadus, Mynenko, Concerto Köln, Diego Fasolis (3 CD Virgin).

L. Vinci : Artaserse
Nancy, Opéra national de Lorraine, les 2, 4, 6, et 10 Novembre 2012
www.opera-national-lorraine.fr

Paris, Théâtre des Champs-Élysées, les 11 et 13 décembre 2012
(version de concert)
http://www.theatrechampselysees.fr

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Photo : EMI Music France