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Aurélien et Denis Pascal aux Estivales de Musique en Médoc – Maîtrise et liberté – Compte-rendu
Décidément, la nouvelle génération du violoncelle français ne cesse de surprendre et d’éblouir. A une liste déjà longue de magnifiques instrumentistes, il convient d’ajouter – et ce dans les toutes premières places – le nom d’Aurélien Pascal. Je m’étais fais l’écho l’an dernier de sa belle prestation dans le cadre du concert des Révélations Classiques Adami au Festival de Prades (1). Quatre mois plus tard, à Berlin, l’artiste remportait le Grand Prix du prestigieux Concours Emanuel Feuermann -mais aussi le Prix du Public et le Prix Ernst Toch. (2)
Toujours à l’affut de lauréats de concours à la personnalité affirmée, Jacques Hubert, président des Estivales de Musique en Médoc, n’a pas manqué d’inviter Aurélien Pascal et lui a même confié le concert inaugural de la 12ème édition du festival, dans le chai du Château Lafite-Rothschild. Un rendez-vous en famille puisque le violoncelliste avait pour partenaire son père Denis : le gage d’une complicité qui s’est vérifiée tout au long de la soirée.
Denis et Aurélien Pascal © Stéphane Delavoye
Sonate en ré mineur de Debussy : quel bel éloge adressé au duo que l’attitude du public qui, au terme du finale, se refuse à rompre par des applaudissements le charme d’une interprétation pétrie de poésie... Avec ce mélange de maîtrise, de liberté et de plénitude sonore sur toute l’étendue de l’échelle dynamique qui caractérise son jeu, le violoncelliste touche à l’essence même d’une partition dont l’humeur fantasque et mélancolique est d’autant mieux rendue qu’il peut compter sur la palette de couleurs subtile et le jeu toujours en éveil de son partenaire.
L’équilibre et l’intensité de leur dialogue font merveille aussi dans la 3ème Sonate en la majeur op. 69 de Beethoven : par la justesse des teintes et des accents Aurélien et Denis Pascal nous donnent à ressentir l'évolution que cette œuvre charnière (entre les deux Sonates op. 5 et celles de l’Opus 102) introduit dans la relation entre les deux instruments.
Le tact stylistique des interprètes et l’exceptionnelle maturité d’un archet d’à peine plus de vingt ans ne s’illustrent pas moins dans la Sonate op. 40 de Chostakovitch, l’une des premières réalisations chambristes du Russe mais où, déjà, la complexité d’humeur qui le distingue est bien présente. Mouvements vifs, pleins de caractère et de mordant, Largo intensément vécu : l’entente entre l’archet et le clavier, le rebond de leur dialogue stimulent continûment l’écoute. Poésie et intelligence ne font qu’une.
Vrai délice enfin que les quelques mélodies de Tchaïkovski et de Rachmaninov, ardentes mais sans pathos, qui prolongent un concert que couronne la Fantaisie sur une chanson russe de David Popper. L’heure est à la virtuosité et Aurélien Pascal emporte ce brillantissime morceau avec tout l’engagement et les prises de risques qu’il requiert, pour le plus grand bonheur d’un public nombreux.
Alain COCHARD
Chai du Château Lafite-Rotschild, 1er juillet 2015
(1) www.concertclassic.com/article/les-revelations-classiques-de-ladami-2014-au-festival-de-prades-le-3-aout-de-cattlar-ou-la
(2) www.gp-emanuelfeuermann.de/front_content.php?idart=811&idcat=289&changelang=8
Photo © Arnaud Bertrande
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