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Autriche / Journées Haydn d’Eisenstadt - 3 questions au Dr. Walter Reicher, Intendant du Festival
Créées en 1989 sous leur forme actuelle, les Journées Haydn d’Eisenstadt poursuivent la tradition musicale d’un compositeur qui a forgé l’essentiel de son œuvre au contact de la cour princière des Esterhazy. Le Dr. Walter Reicher est l’Intendant d’une manifestation qui se déroule en septembre dans l’enceinte du château d’Eisenstadt.
Comment est né le Festival d’Eisenstadt ?
Walter Reicher : L’idée de créer un festival date de 1986 après un accord passé entre la Ville et la Région du Burgenland. Après quelques concerts d’essai programmés d’avril à octobre, on a fait appel à moi pour élaborer un projet global. Le Festival a pris sa forme actuelle en 1989, date à laquelle j’ai pris mes fonctions – celles que j’exerce encore – après avoir travaillé dans le domaine du management musical. Chaque année, autour d’une thématique préparée trois ans à l’avance, le festival célèbre Joseph Haydn mais aussi d’autres compositeurs de son époque, voire au-delà. Cette année, le choix s’est porté sur le jubilé Chopin/Schumann tout en consacrant l’essentiel de la programmation à Haydn. L’an prochain, l’accent sera mis sur Haydn et le Nouveau Monde, non pas que l’auteur des Saisons se soit rendu outre-Atlantique, mais il s’agit plutôt de rappeler que les Mormons connurent sa 17e Symphonie dès 1766, ou encore que des œuvres comme Montezuma de Zingarelli furent jouées chez les Esterhazy. Nous privilégions bien sûr notre compositeur. Ses 104 Symphonies ont été exécutées ici ainsi que tous ses opéras, mais la Salle Haydn (refaite en 1803) qui contient 660 places ne permet pas d’envisager des conditions optimales pour les représentations avec mise en scène ; en revanche, dans la Salle Empire - que connut Haydn - plus proche d’un salon, la musique de chambre dispose d’un écrin parfait.
Comment le Festival est-il financé ?
W. R. : Si les meilleurs interprètes sont présents à Eisenstadt, nous n’envisagerons jamais comme à Salzbourg de promouvoir le vedettariat. L’autofinancement à hauteur de 75 % constitue l’essentiel de nos recettes pour un budget qui s’élève à 1. 600 000 €. Le reste provient de mécènes de la République autrichienne, du Land, mais très peu de la Ville ! Le public est très attaché au festival, informé, connaisseur. Il vient très facilement, surtout de la région (60 %). Les prix sont raisonnables (limités à 80 €) parce que les cachets des artistes le sont aussi. La qualité musicale s’est maintenue grâce à la fidélité des interprètes, sans discrimination entre les approches baroques et modernes. Adam Fischer est présent chaque année depuis 1989, mais d’autres grands noms comme András Schiff, Sir Neville Marriner, Peter Schreier se sont aussi produits à Eisenstadt. Le taux de remplissage des salles est élevé et les étrangers (40%) viennent d’Allemagne, de Grande-Bretagne, du Canada, de Suisse, et dans une moindre mesure du Japon. L’ouverture à l’Est n’a pas attiré le public hongrois si proche, sans doute empêché plus par des raisons pécuniaires que musicales. L’attraction d’une région couverte de vignobles où l’on peut déguster les meilleurs crus – dont ceux des Esterhazy – est une aubaine dont profitent de nombreux visiteurs étrangers.
Comment envisagez-vous l’avenir des Journées Haydn ?
W. R. : Nous ne sommes pas inquiets même si les conditions statutaires sont en train de changer et sont en discussion avec les descendants de la famille Esterhazy. Le caractère international du Festival est complété par l’existence d’une Fondation dont je m’occupe qui veille à la diffusion de la musique de Haydn. Lieu de recherche, de colloques, de publications, d’enregistrements (18 000 dont 90 versions de la Symphonie « La Surprise ») et de conservation d’archives (des lettres de Haydn à son éditeur Artaria) ouvert aux spécialistes du compositeur (dont le musicologue Marc Vignal), il fait vivre l’image d’un créateur auprès d’un auditoire très large y compris celui des scolaires : cette année, 5 000 élèves des écoles du Burgenland ont abordé le thème de La Création sous toutes ses formes. Le retentissement de Haydn était immense à son époque et nous espérons, par notre action, continuer à le promouvoir pour le temps présent et les générations futures.
Propos recueillis par Michel Le Naour, le 11 septembre 2010
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