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« Balliamo ! » par Les Cris de Paris au Festival d'Ambronay 2021 – Vagabondage monteverdien – Compte-rendu
Cette année, le festival d’Ambronay a choisi de mettre Geoffroy Jourdain à l’honneur. Le chef et fondateur de l’ensemble Les Cris de Paris a dirigé l’Académie de juillet, et il revient lors du dernier week-end du festival en tant que « parrain » des jeunes ensembles européens réunis sous l’égide du projet EEEmerging+.(1) Et bien sûr, il ne pouvait manquer de présenter un concert, le seul donné par un ensemble confirmé dans le cadre de cet ultime week-end exclusivement consacré aux nouveaux-venus.
Evidemment, la crise sanitaire encore en cours n’a pas épargné Ambronay : même si la jauge de l’Abbatiale a pratiquement retrouvé son niveau d’avant la pandémie, le format des concerts reste transformé, avec des programmes ne dépassant pas soixante-quinze minutes, et donnés sans entracte. C’est donc sur ce modèle qu’est conçu le concert des Cris de Paris.
« Balliamo » est totalement voué à Monteverdi, à une exception près : en guise d’introduction, d’Intrada selon la terminologie employée par le programme, une pièce a été commandée à Eva Reiter (née en 1976), compositrice autrichienne qui est également gambiste et flûtiste à bec. Pour cette pièce spatialisée, les membres du chœur sont répartis de part et d’autre du public, tout autour de l’orchestre, et commencent par utiliser des tuyaux qu’ils font tournoyer plus ou moins vite, plus ou moins largement, pour créer une sorte de frémissement sonore ou des ponctuations plus nettes. Les voix se font bientôt entendre, formant des accords étalés, parfois rejointes par les instruments, et au bout de quelques minutes, la pièce retourne au silence pour s’enchaîner avec la ligne de basse du premier morceau de Monteverdi jouée par les théorbistes.
© Bertrand Pichène
Danser avec Monteverdi, danser sur Monteverdi, telle est la ligne directrice du programme concocté par Geoffroy Jourdain, programme qui permet un vagabondage à travers à peu près toute l’œuvre du compositeur, des madrigaux aux opéras en passant même par des pièces religieuses (même si Laudate Dominum a dû être retiré du programme, suite au forfait de la mezzo Marielou Jacquard, remplacée au pied levé Fiona McGown). Outre l’emploi très fréquent du mot danza ou ballo, le texte même est souvent une invitation à la danse, comme dans l’air des bergers au début de l’Orfeo, l’appel étant parfois explicite dans le titre même, comme pour ce « Balliamo » final, tiré du VIIe Livre de madrigaux, qui donne son nom au concert.
Ce côté patchwork peut surprendre, et l’on pourra toujours s’étonner de l’inclusion de telle ou telle page, mais le but revendiqué est de composer « un Balletto imaginaire, où se côtoient le sacré et le profane, le chant soliste et la polyphonie ». Geoffroy Jourdain dirige en tout cas ce programme avec un mélange de rigueur et d’énergie bondissante, cette dernière imprimant à l’orchestre la pulsation dansante qui convient. Aux dix instrumentistes répondent neuf voix employées selon des combinaisons diverses, parmi lesquelles on s’avouera peut-être plus sensible aux prestations masculines, qu’il s’agisse des trois ténors aux timbres nettement différenciés, de la haute-contre (Contantin Goubet) à la voix plus lyrique d’Alban Dufourt, ou des deux basses pleines de mordant et de noirceur (Renaud Brès et Virgile Ancely).
Laurent Bury
(1) www.concertclassic.com/article/concerts-des-ensembles-eeemerging-au-festival-dambronay-2021-flute-et-reflute-compte-rendu
42e Festival d’Ambronay – Abbatiale, 2 octobre 2021
Photo © Bertrand Pichène
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