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Barbe-Bleue à Angers-Nantes Opéra – Vent de folie sur Offenbach - Compte-rendu
Offenbach fait partie des inévitables auteurs de la période des fêtes, mais nul ne saurait s’en plaindre quand l’on a affaire, comme c’est le cas à Angers-Nantes Opéra, à une production réussie et de surcroît à une œuvre rarement donnée. Créé en 2011 à Maastricht, Barbe-Bleue selon Waut Koeken a été repris en février 2014 à l’Opéra de Lorraine. Nous n’y étions pas mais, les témoins nous le confirment, le spectacle s’est considérablement resserré depuis. Ecrits par W. Koeken, les dialogues et le texte du narrateur-commentateur (qui accompagne tout le spectacle) ont été élagués pour une reprise que Koeken, occupé à Strasbourg par une nouvelle production de La Vie parisienne, a confiée à Friederike Schulz, son assistante. Le résultat fonctionne à merveille dans les décors réussis - ses costumes ne le sont pas moins – de l’inventif Yannik Larivée.
Passé un petit temps de chauffe, le spectacle prend vite son envol et l’on se laisse happer par le vent de folie qui souffle sur un Offenbach actualisé d’une manière paradoxalement assez atemporelle, exceptées bien sûr les références à l’actualité (le narrateur devient pendant quelques instants un présentateur de chaîne d’info continue). Les dialogues imaginés par Koeken donnent de l’importance à des rôles modestes du point de vue musical, en particulier celui du Roi Bobêche – ici sorte de croisement improbable entre Napoléon III, Louis XIV et un rocker surexcité -, qu’un impayable Raphael Brémard incarne avec une énergie et une drôlerie contagieuses, à l’image de l’ensemble du spectacle.
Sur ce point, il faut avant tout saluer le travail de Laurent Campellone, fantastique chef lyrique on ne le répétera jamais assez, qui par sa connaissance intime de cette musique en restitue continûment l’influx nerveux, sans en négliger le lyrisme et les couleurs, à la tête de musiciens de l’Orchestre national des Pays de Loire dont l’engagement ne faiblit jamais. Ainsi porté le plateau se laisse aller à une étourdissante mise en scène - à laquelle le chef est d’ailleurs amené à prendre part, avec talent, pendant un court moment !
© Jeff Rabillon
Entre nonchalance faussement détachée et ivresse, Gordon Wilson (le narrateur) promène sa longue silhouette dans un univers pour le moins déjanté. L’éclectique Mathias Vidal endosse le rôle du sympathique et très inoffensif Barbe-Bleue offenbachien avec une luminosité et une santé pétaradante, flanqué du Popolani loufouque à souhait de Pierre Doyen. On ne surprendra personne en disant que le Comte Oscar, ministre des affaires secrètes et autres bizarreries, va comme un gant à l’époustouflant chanteur-comédien qu’est Flannan Obé. Les qualités vocales et la présence scénique ne manquent pas non plus au rayonnant Loïc Félix (Prince Saphir). Côté dames, Carine Séchaye se révèle irrésistible en Boulotte nymphomane insatiable. Gabrielle Philipponet possède la fraîcheur et le piquant requis pour Hermia/Fleurette. La Reine Clémentine pleine de caractère de Sophie Angebaud participe elle aussi d’un sans faute vocal qui s’étend jusqu’au « victimes » - seulement endormies ! - de Barbe-Bleue : Rhym Aïda Amich, Florence Dauriach, Isabelle Ardant, Hélène Lecourt, Yael Raanan-Vandor.
On ne peut enfin que tirer un grand coup de chapeau au Chœur d’Angers Nantes Opéra, qui assume le rôle central que lui réserve la mise en scène sans jamais rien sacrifier à la justesse et à la précision de la mise en place. Il est pour beaucoup dans le succès ce Barbe-Bleue vitaminé. Bravo à Xavier Ribes !
Alain COCHARD
Offenbach : Barbe-Bleue – Nantes – Théâtre Graslin - 12 décembre 2014, prochaines représentations les 14, 16, 17 et 19 décembre, puis (à l’Opéra de Rennes/ www.opera-rennes.fr) les 29 et 31 décembre et les 1er et 3 janvier 2015 et (au Grand Théâtre d’Angers) les 11, 13 et 15 janvier 2015. www.angers-nantes-opera.com
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