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Bernard Haitink dirige Beethoven - Un art de la synthèse - Compte-rendu
En trois concerts, Bernard Haitink achève son cycle Beethoven entrepris Salle Pleyel en janvier 2011avec l’Orchestre de Chambre d’Europe. La conception du chef n’a pas varié et l’on retrouve la même clarté, un élan juvénile ; ce qui donne aux Symphonies n°1, 4 et 7 un sentiment de bien être, d’aération du discours. Les mouvements vifs gagnent en souplesse, en énergie, en sentiment d’urgence ce qu’ils perdent en densité. On est littéralement survolté à l’écoute du final de la Septième pris à un train d’enfer mais d’une précision calculée et d’une progression savamment maîtrisée (à l’instar des Ouvertures Egmont et Leonore III). Intermède concertant le premier soir, l’exécution du Triple Concerto pour violon, violoncelle, piano et orchestre par les frères Capuçon et Frank Braley ne transcende pas l’œuvre mais ne la défigure pas sur le plan stylistique.
L’Orchestre de Chambre d’Europe justifie bien son appellation : chaque instrumentiste se comporte comme s’il était musicien de chambre et se met à l’écoute de l’autre. La petite harmonie manifeste une cohésion exceptionnelle (à l’image de la clarinette de Romain Guyot). La sérénité qui commande au déroulement de la « Pastorale » offre un bain musical sans arête, d’une horizontalité très pure et la conception d’Haitink témoigne d’un art de la synthèse accompli.
L’Orage, pulsé par un excellent timbalier – il ne déparerait pas dans un ensemble baroque –, est totalement intégré à l’ensemble qui se déroule comme un immense fleuve tranquille.
En revanche, la Neuvième Symphonie paraît trop linéaire et les quatre solistes ne brillent pas par leur homogénéité. L’Allegro initial, trop maestoso, s’enlise un peu et « L’Hymne à la joie », malgré un Grand Chœur de la Radio néerlandaise idiomatique, ne possède pas la tension que l’on peut attendre : une certaine fatigue se fait d’ailleurs sentir !
Le public montre à chaque concert son enthousiasme à l’égard d’un chef octogénaire (il a fêté ses 83 ans le 4 mars) qui ne cesse de remettre son grand art sur le métier.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, les 2, 3 & 5 mars 2012
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Photo : DR
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