D’aucuns se plaisent parfois à opposer l’activité de soliste à celle de chambriste. Pour le musicien complet qu’est Bertrand Chamayou, ce sont les deux côtés d'une même pièce, deux domaines entre lesquels il ne lui est pas possible d’effectuer une distinction. « J’ai toujours été passionné par la musique de chambre », avoue celui qui se reconnaît « une aptitude à fusionner avec ses partenaires » et n’établit pas de différence « entre le fait de jouer l’un des deux concertos de Brahms et celui de tenir la partie de piano du Quintette en fa mineur. »

Christian Ivaldi et Pierre-Laurent Aimard furent ses professeurs de musique de chambre au Conservatoire de Paris et, dès le début de sa carrière, parallèlement à un parcours soliste qui lui a souvent donné l’occasion de se faire entendre dans l’intégrale des Etudes d’exécution transcendante de Liszt, le pianiste toulousain a été un chambriste très actif et a engrangé un vaste répertoire.

Bertrand Chamayou se souvient ainsi de ses résidences d’été à Deauville durant lesquelles, quotidiennement, il déchiffrait et montait avec des amis instrumentistes force trios, quatuors et quintettes. « J’ai appris à travailler vite, c’est un point essentiel », reconnaît un artiste qui manifeste toutefois du discernement dans le choix de ses partenaires. L’altiste Antoine Tamestit et le clarinettiste Nicolas Baldeyrou font partie de ces gens avec lesquels Bertrand Chamayou a d’emblée eu envie de partager la musique. « Dès la première lecture, les choses se mettent en place, constate-t-il. On n’a presque pas besoin de parler. » Mystérieuse alchimie…

A la fin de l’année dernière est paru un très beau disque Mozart(1) qui, outre Chamayou, Baldeyrou et Tamestit, rassemble d’autres partenaires auxquels le pianiste est très attaché : Alexeï Ogrintchouk, Marie Fallon, Philippe Berrod, Alexandre Chabod, Jérôme Voisin, Julien Hardy et David Guerrier. « Je ne pouvais pas envisager de faire un disque autrement que comme ça », confie Bertrand Chamayou.

La publication de cet enregistrement fournit prétexte à un concert à la salle Gaveau, jeudi 3 avril, où le pianiste partage l’affiche avec Baldeyrou et Tamestit pour un original programme Bruch, Weber, Kurtag et Mozart. Victoire de la Musique 2006, Chamayou prend dès le lendemain le chemin de Lyon en compagnie d’Antoine Tamestit – qui lui a succédé en 2007 dans la catégorie « Révélation soliste instrumental » des Victoires - pour une non moins alléchante soirée dans le cadre de la belle série Piano à Lyon, salle Molière. Ils y interpréteront la Sonate « Arpeggione » de Schubert, les Märchenbilder, op 113 de Schumann et la transcription que Liszt réalisa du Harold en Italie de Berlioz.

Chambriste passionné, Bertrand Chamayou n’est demeure pas moins l’un de nos plus talentueux jeunes solistes. Notez dès à présent qu’il sera au récital au Théâtre des Champs-Elysées, le 19 mai, pour le concert annuel « hors les murs » du Festival Piano aux Jacobins, en prélude à la 29ème édition de la manifestation toulousaine (du 5 au 26 septembre).

Alain Cochard

(1) 1 CD Intrada (Trio « des quilles », KV 498 , Adagio pour deux clarinette et trois cors de basset, KV 411, Quintette pour piano et vents, KV 411)

Salle Gaveau. Jeudi 3 avril 2008 – 20h30. Rés. : 01 49 53 05 07.

Extrait vidéo

Piano à Lyon. Salle Molière. Vendredi 4 avril – 20h 30. Rés. : 04 78 47 87 56
Réservations

Récital Piano aux Jacobins « hors les murs ». Théâtre des Champs –Elysées. Lundi 19 mai – 20h. Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR