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Cap beethovénien - François-Frédéric Guy et Philippe Jordan terminent leur cycle Beethoven
Une belle Sonate « Hammerklavier » enregistrée à ses débuts pour Harmonia Mundi avait contribué à lancer la carrière de François-Frédéric Guy. Beethoven demeure aujourd’hui l’axe principal de l’activité d’un pianiste, seul de sa génération en France à se confronter de manière régulière en concert à l’immense massif des 32 Sonates. Après Monte Carlo et Paris, Washington a eu droit à un cycle complet en neuf volets en novembre dernier. Depuis, le compositeur allemand a beaucoup occupé encore François-Frédéric Guy, en particulier en mars lors d’une première et longue tournée australienne durant laquelle il s’est produit, en récital et en concerto, à Sydney, Brisbane et Perth principalement.
« C’était un peu un rêve de gosse », avoue l’artiste, encore ébloui par l’immensité d’un pays-continent et enthousiasmé par l’accueil qui lui a été réservé, en se souvenant de son concert dans la vaste salle de l’Opéra de Sydney où il a joué « L’Empereur » avec le Sydney Symphony. Un ouvrage redonné quelques jours plus tard en plein air au Parrametta Park : « près de 6000 personnes ; les gens arrivent avec leur couverture et leur glacière pour assister à un concert sonorisé avec un système spécialement conçu pour la musique classique, l’ambiance est extraordinaire…» Pas de doute, si l’Australie lui refait signe, le pianiste répondra présent, sans une once d’hésitation !
Dans le cadre plus traditionnel de la salle Pleyel, François-Frédéric Guy retrouve Philippe Jordan et l’Orchestre Philharmonique, vendredi 4 juin, pour la conclusion de leur intégrale en concert des concertos de Beethoven. Le disque s’est fait l’écho de cette collaboration et Naïve publiera à la rentrée prochaine en coffret les trois CD déjà disponibles séparément. C’est par le début du corpus beethovénien, le Concerto n°2 (le premier dans la chronologie), que se termine le cycle. « C’est un peu le mal aimé des concertos, remarque l’interprète, le moins mature, le plus directement mozartien sans être à l’égal de Mozart. Il a besoin « d’être défendu » dit-on généralement, et ce n’est pas loin d’être vrai. Par contre je pense que c’est finalement à tout prendre un chef-d’œuvre. Comme pour tout le reste du cycle nous couplons le concerto avec une œuvre de Bartok. Il est court cette fois et laisse le temps de donner Le Château de Barbe-Bleue en seconde partie. »
La collaboration avec Philippe Jordan ? « Une rencontre incroyable, avoue François-Frédéric Guy. Elle s’est produite en décembre 2006 pour un concert à l’initiative d’Eric Montalbetti (le Délégué artistique de l’Orchestre Philharmonique, ndlr). Celui-ci pressentait qu’un coup de foudre se produirait, et c’est vraiment ce qui s’est passé. Le concert s’est très bien déroulé et nous avons dans la foulée commencé à enregistrer les concertos. Un privilège car j’aurai rarement eu le temps de travailler autant sur les œuvres avec un chef d’orchestre. Entre les enregistrements et les concerts nous avons passé au moins une vingtaine d’heures sur chaque concerto. C’est un confort musical et humain extraordinaire ; je suis particulièrement heureux d’avoir pu mener un tel travail en profondeur sur ces œuvres. Depuis nous avons joué d’autres répertoires ensemble, du Mozart par exemple. Le 18 janvier 2011 nous donnerons le 2ème Concerto de Brahms avec l’Orchestre de l’Opéra. »
François-Frédéric Guy n’oublie pas les sonates de Beethoven au disque : il vient de signer avec Zig Zag Territoires pour une intégrale enregistrée en concert à l’Arsenal de Metz dont la parution s’échelonnera jusqu’en 2013. Le projet est déjà amorcé : « tous les six mois je donne deux récitals qui sont captés, précise l’artiste, le premier volume sortira à l’automne dans la collection Printemps des Arts de Zig Zag ; un petit clin d’œil à Marc Monnet (compositeur et Directeur artistique du Printemps des Arts de Monte Carlo, ndlr) qui m’avait fait confiance lorsque j’ai donné l’intégrale des sonates pour la première fois en 2008 à Monte Carlo. C’est une satisfaction amicale aussi que d’entreprendre cette intégrale car je connais bien Marc Monnet et je joue sa musique régulièrement. Dans deux jours d’ailleurs je donne le 21e Concerto de Mozart à Londres avec les London Mozart Players… et les cadences qu’il m’a écrites il y a trois ans pour ce concerto ! »
Alain Cochard
(Entretien avec François Frédéric Guy réalisé le 13 mai 2010)
Orch. Phil. de Radio France, dir. Philippe Jordan
Œuvres de Beethoven et Bartok
François-Frédéric Guy, piano
Petra Lang (Judith)/Peter Fried (Barbe-Bleue)
Vendredi 4 juin – 20h
Salle Pleyel
www.sallepleyel.fr
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Photo : DR
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