Au Paradis perdu, Carmen joue son destin aux cartes avec sa panthère-totem. Olivier Py n’y pas été de main morte, qui transpose l’Andalousie dans un cabaret interlope où travestis et girls rejouent la tragédie de Carmen avec un brio, une vitalité, un aplomb absolument insensés. Mais voila, ce qui aurait put n’être que provocation s’est imposé dès les premières représentations comme une évidence, mais une évidence qui aura clivé le public.

Olivier Py passe outre tant de choses de l’extérieur de Carmen pour aller droit à l’essentiel de ce personnage-destin. Et il y parvient car sa mise en scène tombe exactement dans la musique de Bizet. Jamais un faux pli dans sa direction d’acteur dont la suractivité rend bien compte de l’énergie fiévreuse qui accompagna le compositeur durant la composition de l’ouvrage. A Paris la Commune éclate, le grand ton de liberté de Carmen lui est un miroir où Py a capturé  son ton et ses images, les transposant dans son univers.

Allez découvrir ou revoir ce spectacle inépuisable que l’Opéra de Lyon reprend avec une distribution choisie : Kate Aldrich (photo) se moquera d’Arturo Chacón-Cruz, Jean-Sebastien Bou plantera ses banderilles dans le cœur de la Gitane, Riccardo Minasi fera crépiter l’orchestre vif-argent de Bizet ; immanquable !

Jean-Charles Hoffelé

Bizet, Carmen
Les 30 avril, 2, 5, 5, 9, 11, 13, 15 et 17 mai 2015
Lyon- Opéra
www.concertclassic.com/concert/carmen-de-bizet-par-olivier-py

Photo © Fedil Berisha