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Christoph Eschenbach et la Staatskapelle de Dresde - Cavalier seul - Compte-rendu
On attendait avec intérêt la venue de Christoph Eschenbach à la tête de la Staatskapelle de Dresde, orchestre de tradition germanique dont la réputation est légendaire. A vrai dire, la déception est d’autant plus forte que les qualités de l’orchestre (densité et puissance de sonorité, couleurs mordorées, homogénéité d’ensemble) ne sont pas en cause.
Dès l’Ouverture de La Fiancée de Messine de Robert Schumann, la direction verticale et assénée du chef ne convainc guère. La 1ère Symphonie de Brahms ressemble pour sa part à un exercice d’orchestre où les musiciens, plus concerné par leur partition que par la gestique agitée du chef, font cavalier seul dans cette lecture certes somptueuse mais sans ligne directrice. Eschenbach n’impose jamais son sceau dans une interprétation compacte où brillent les vents (majestueux pupitres de cors) et les cordes (en particulier le subtil Konzertmeister dans le final suspendu de l’Andante sostenuto). Le bis consacré à l’Ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven ne réconcilie pas avec cette manière de procéder, efficace mais sans souplesse.
Fort heureusement, le violoniste Gidon Kremer, soliste invité, avait auparavant su distiller dans le Concerto de Schumann un rare moment de poésie, en parvenant même à dissiper l’impression de redite d’un final obsessionnel au point de paraître sans issue. Appliqué, bon accompagnateur, le chef sait, cette fois-ci, faire abstraction de son ego pour se mettre au même diapason.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 10 mai 2011
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Photo : DR
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