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Clément Mao-Takacs et le Secession Orchestra à l’Auditorium du Louvre – Lumineuse énergie – Compte-rendu
Fin musicien, d’une culture et d’une curiosité rares, Clément Mao-Takacs (photo), à chaque apparition à la tête de son Secession Orchestra, fait entendre sa différence. Ne comptez surtout pas sur lui pour les programmes passe-partout ouverture-concerto-symphonie-allons-vite-nous-coucher, bien moins encore pour l’eau tiède ! La saison passée, en avril, ses deux concerts «Black is beautiful » au musée d’Orsay avaient fait sensation (avec deux exceptionnels chanteurs en plein envol : Marie-Laure Garnier et Edwin Fardini).
Sur l’autre rive de la Seine, au Louvre, le bonheur n’aura pas été moins grand de retrouver le chef et ses troupes pour la soirée inaugurale de la saison musicale de l’Auditorium, bâtie autour du thème du « Voyage en Italie ». Pas de compositeur italien à l’affiche de ce concert, mais deux regards sur l’Italie avec Stravinski et Mendelssohn. Clément Mao-Takacs a décidé de donner la version intégrale du ballet Pulcinella, il a bien fait ! Il aurait été dommage en effet de se limiter à la seule suite d’orchestre avec des interprètes manifestant une telle compréhension d’une musique injustement mal-aimée.
Clément Mao-Takacs et le Secession Orchestra © Sophie Crépy
Comme il s’en explique très bien dans le programme de salle – remarquable ! – qu’il signe, le chef s’attache à faire entendre l’extraordinaire travail de composition auquel le Russe se livre à partir des emprunts à Pergolèse. De bout en bout ce Pulcinella – joué debout et pieds nus pour mieux en ressentir la vibration ! – éblouit et enthousiasme. Avec à leur côtés un parfait trio vocal (Fiona Mc Gown, Yu Shao & Romain Dayez), Clément Mao-Takacs et ses instrumentistes raflent la mise par leur dynamisme, leurs couleurs chatoyantes (chapeau aux hautbois, comme à toute l’harmonie et aux vents de façon générale ! ). Un ballet ? oui !, et ce sont les timbres et l’esprit qui dansent ici, balayant avec une juvénile énergie tous les clichés sur le néoclassicisme stravinskien.
On a remis les chaussures pour le seconde partie, mais l’engagement n’est pas moindre dans la Symphonie n° 2 « Italienne » de Mendelssohn (dans la version révisée de 1834). Quel art de lancer la phrase, quelle prestesse du geste – qui demeure toutefois respectueux de la respiration, de la ponctuation. L’urgence sous-tend une interprétation d’une exceptionnelle intensité (l’Andante est vraiment pris con moto), au cours de laquelle l’imagination sonore du Secession Orchestra fait merveille. On cède à la fluidité et la souplesse du Con moto moderato, avant l’irruption du Saltarello, mu par une formidable impatience de goûter à la beauté du monde. Le temps allait être cruellement court pour Felix Mendelssohn ...
Alain Cochard
Paris, Auditorium du Louvre, 25 septembre 2019 // www.louvre.fr/progtems/saison-musique-2019-2020
Photo © Sophie Crépy
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