Dans la foulée des centenaires Langlais (1907), Messiaen (1908) et Litaize (1909) – l'année prochaine Jehan Alain (1911) – un colloque interdisciplinaire se tient à Paris avec pour objectif de faire le point sur la place et le rôle des musiciens-organistes des années 1930 : en regard non seulement du monde de l'orgue (et de sa facture) mais plus généralement de la musique et des arts, de la société et de l'Église, de la presse, des salons féminins, des associations musicales, etc. Avec, lors des quatre concerts, d'insignes raretés : des mélodies de Vierne, Langlais et Messiaen au Thème et Variations pour flûte, alto et piano de Duruflé (1928).

Pourquoi un colloque sur ce sujet aujourd'hui ?

Marie-Louise Langlais : L'orgue à Paris dans les années 30 est un thème de réflexion et d'étude très important. Il suffit de consulter les programmes de récitals d'orgue actuellement dans le monde entier, en Amérique, en Asie, en Europe, pour se rendre compte que notre école française des années 30 est connue et jouée par tous les plus grands interprètes de la planète.

Ce qu'il y a de particulièrement fascinant, c'est que les personnalités qui forment « L'École française des années 30 » appartiennent à deux générations distinctes, la première (Widor, Vierne, Dupré, Marchal) ayant enseigné à la seconde (Duruflé, Langlais, Messiaen, Alain, Litaize). Or ces deux générations vont se côtoyer durant cette décennie, la première au faîte de sa notoriété, la seconde à l'aube de sa gloire à venir. C'est cette période charnière qui sera l'objet d'étude du colloque.

Qui l'organise et quand se déroule-t-il ?

M. L. L. : La question de l'organisateur renvoie à une nouveauté très originale dans le monde de l'enseignement : la réunion de conservatoires et de l'Université pour la délivrance de deux diplômes supérieurs. L'un universitaire et que l'on connaît bien : la Licence (dans ce cas de Musicologie), l'autre nouveau : le Diplôme National Supérieur Professionnel de Musicien (diplôme du Ministère de la Culture). Cette collaboration entre les institutions est un vieux serpent de mer dont on a toujours pensé qu'il relevait de l'impossible tant étaient fortes les identités des conservatoires, où l'on enseigne l'instrument, et l'Université plus tournée vers la démarche intellectuelle.

Cette nouveauté existe à Paris depuis peu à travers une de ses institutions bipolaires : le PSPBB, Pôle Supérieur Paris – Boulogne-Billancourt, partenaire de l'Université Paris IV-Sorbonne et des CRR de Paris et de Boulogne pour la formation des étudiants et la délivrance de diplômes reconnus par l'État.

Le Colloque L'orgue à Paris dans les années 30, qui se tient à Paris du 3 au 5 juin dans les locaux du CRR de Paris, 14, rue de Madrid (8e), traduit dans les faits cette nouveauté de l'enseignement musical français ; soutenu par l'Observatoire Musical Français Paris-Sorbonne, il présente, outre une série de communications sur divers sujets liés au thème, des concerts donnés par des étudiants du PSPBB et du CRR de Paris et même une curiosité : la visite, « en situation des années 30 », de quatre des plus grands instruments de Paris démontrés pas leurs titulaires actuels : Notre-Dame, Saint-Sulpice, Saint-Étienne-du-Mont et Saint-Louis-des-Invalides

Quel est son contenu ?

M. L. L. : Pour connaître le détail et le programme exacts de ce colloque ouvert à tous, consultez le blog créé tout exprès à l'adresse suivante : http://colloqueorguecrr.over-blog.com ou le site du CRR de Paris où il se déroulera : www.crr-paris.fr Une vingtaine d'intervenants, organistes, chercheurs, spécialistes, exposeront leur point de vue sur cette période, des étudiants joueront un répertoire de musique de chambre peu connue composée par les organistes des années 30.

80 ans ont passé... Il est temps de faire revivre aujourd'hui ces années phare de l'histoire de la musique d'orgue française …

Propos recueillis par Michel Roubinet

Colloque « L’orgue à Paris dans les années 30 »
CRR de Paris
Du 3 au 5 juin 2010
14 rue de Madrid - 75008
Rens. : 01 44 70 64 00

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Photo : DR