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Compte-rendu - Agar et Ismaele de Scarlatti par l’Ensemble Baroque de Nice - Poésie et lyrisme
Nouvelle incursion de l’Ensemble baroque de Nice dans l’oratorio scarlattien, Agar et Ismaele esiliati, a certes été donné d’une manière plus traditionnelle que La Giuditta, qui avait la saison dernière fait l’objet d’une très belle mise en espace de Gilbert Blin dans le cadre de la saison du 25e anniversaire de la formation niçoise. Mais le public a répondu en nombre à la découverte d’un ouvrage qui, sans offrir des moments d’aussi grande puissance dramatique que La Giuditta, séduit par sa lisibilité et un relief doublé d’une grande fluidité – rapidité aurait-on presque envie d’écrire -, sans parler de l’irrésistible invention mélodique que Scarlatti père y déploie. Pas un temps mort, pas un moment de « remplissage » dans une partition concise que Gilbert Bezzina, conformément à son habitude, conduit du violon - avec une évidente empathie !
Fidèle à deux des chanteurs qui ont fait le succès de La Giuditta, Bezzina a confié le rôle d’Ismaele à la soprano Sophie Landy et celui d’Agar, esclave égyptienne et mère d’Ismaele, fils qu’elle a eu d’Abramo, à Raphaël Pichon. Happé par le formidable succès de son Ensemble Pygmalion, ce dernier a moins eu l’occasion de se produire en tant que contre-ténor ces derniers mois. Le bonheur n’était pas mince de l’entendre apprivoiser son rôle avec beaucoup de poésie et de justesse psychologique et s’apparier idéalement à l’Ismaele de Sophie Landry, en particulier dans la vaste et émouvante lamentation de la 2ème partie.
Face aux deux jeunes personnages, Philippe Cantor et Rossana Bertini, incarnent Abramo et Sara. Le baryton sait exprimer avec beaucoup d’émotion la position d’Abramo, déchiré entre une épouse qui réclame l’exil d’Agar et Ismaele et la pitié qu’il éprouve pour son fils et sa mère. Dilemme accru par le caractère inflexible que Rossana Bertini s’attache à souligner chez Sara.
Cueillie à froid pour l’intervention de la voix de l’Ange, la toute jeune Federica Basilico n’est sans doute pas parfaite d’intonation dans les dernières mesures de l’ouvrage. On ne saurait lui en tenir excessivement rigueur et c’est d’abord la poésie émue, le prégnant lyrisme et la justesse des coloris qui caractérisent cet Agar et Ismaele dont se souvient au terme d’une soirée chaleureusement reçue par son public.
Alain Cochard
Alessandro Scarlatti : Agar et Ismaele esiliati (oratorio)
Nice, Eglise Saint-Martin – Saint-Augustin, vendredi 22 mai 2009
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Photo : DR
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